EQUIPEMENTS CINEMATOGRAPHIQUES

LA PROJECTION 35 mm

Le Projectionniste et son Projecteur

Le métier de projectionniste ayant été "aboli" et ayant disparu, voici une image que vous ne reverrez plus dans la réalité des salles obscures.

MECANISME de PROJECTION.

Le chrono d’un projecteur de cinéma est constitué d’un débiteur supérieur, tournant à vitesse constante, d’un débiteur intermittent (croix de malte), d’un volant stabilisateur, pour réguler le film face au lecteur sonore, et enfin d’un débiteur inférieur fonctionnant également à vitesse constante, qui achemine le film vers la bobine réceptrice.

L’ensemble du mécanisme peut être entrainé soit par pignons soit par chaine.
Les SIMPLEX et les CENTURY sont des mécanismes à pignons, le DEVRY a un entrainement par chaine.

Croix de Malte.

Si la machine à coudre avait inspiré la construction du mécanisme intermittent d'entrainement du film dans les caméras, c'est bien la croix de malte qui a permis de pérenniser la projection.

Comparé à l’entrainement par griffe, l’avantage du mécanisme à croix de malte est évident en matière de respect du film.

En 35 mm, l’image comporte 4 perforations. Si on construit un débiteur intermittent de 16 dents, à chaque ¼ de tour on avance d’une image.
C’est évident et facile pour une croix de malte.

Le 14 Novembre 1896 CONTINSOUZA dépose le brevet n° 261.292, concernant “un nouvel appareil pour l'obtention et la projection de la photographie animée” décrivant un mécanisme d'avance du film au moyen d'une croix de Malte à 4 branches.
Pathé confiera la fabrication de ses premiers projecteurs de cinéma à CONTINSOUZA.

La croix de malte est un mécanisme en apparence simple mais beaucoup plus élaboré qu’il n’y parait de prime abord.
C’est un mécanisme qui permet d’établir un mouvement pendant une partie du cycle puis une attente stable durant le reste du cycle.

La phase 1 - phase de mouvement correspondant à l'avance du film - est capable d’accélération et de décélération.
Physiquement, le système d’entrainement par ergot excentré permet d’obtenir une accélération lors de l’introduction de l’ergot dans la croix mettant en mouvement le débiteur dentée d’entrainement du film. Cette accélération est suivie d’une décélération au moment du dégagement de l’ergot et de l’immobilisation du débiteur, ce qui permet de respecter les perforations du film tout en assurant une avance rapide de l’image qui se déroule en 1/96eme de seconde.
En résumé, les avantages de la croix de malte sont :
- Effort d’entrainement réparti sur 4 perforations (1 image)
- Accélération et décélération du mécanisme lors de l’avance intermittente.
- Rapidité de l’avance de l’image

Voici le bloc de croix de malte d'un projecteur SIMPLEX de la société IPC (International Projector Corporation)

Le mécanisme intermittent permet d’immobiliser le film image après image devant la fenêtre de projection.
Pour ne pas voir le film se déplacer, on obture la lumière pendant l’avance du film au moyen d’un obturateur.

Obturation.

L’obturateur peut être un modèle à pales ou un modèle à tambour.

Sur le DEVRY, il n’y a pas de “gros ventilateur” à l’arrière du chrono. C’est pour la simple raison que le DEVRY est équipé d’un obturateur tambour.
L’obturateur tambour dispose de certains attraits comparé à l’obturateur à pales, notamment en matière d’encombrement, ce qui est appréciable sur un modèle portable.
En revanche, l’obturateur tambour aurait tendance à favoriser le scintillement du fait que la luminosité de l’image n’est pas égale. Il y a en effet plus de lumière au centre de l’image qu’en haut et en bas de l’image.
C’est un phénomène inhérent aux obturateurs à tambour.
Un obturateur à tambour est une sorte de “boite de conserve” qui tourne axialement sur elle-même et dans laquelle on a ménagé 2 trous permettant de laisser passer la lumière lors de la révolution de la “boite”. Le reste du temps la lumière est interceptée.
Dans ces conditions, la lumière est masquée simultanément en haut et en bas de l’image et revient symétriquement par le centre. La quantité de lumière dans la zone centrale de l’image est donc plus élevée que sur les bords haut et bas.
Avec un obturateur à pales, on obscurcit l’image pratiquement de manière égale quelle que soit la zone de l’image.

Comme on le voit aisément sur le précédent schéma, l’avance du film dure ¼ du cycle de la projection d’une image. On obture cet instant pour ne pas voir le film se déplacer.
Il reste donc ¾ de cycle pour projeter l’image.

FAUX

Le cinéma a une cadence de 24 images par seconde.
Si l’on obture que le moment correspondant à l’avance du film, la cadence de projection sera identique à la cadence image, soit 24 images/seconde. Cette valeur est notoirement insuffisante et provoque un scintillement insupportable.
La persistance rétinienne se situe à des valeurs plus élevées.
Pour pallier cette insuffisance, on projette chaque image 2 fois, ce qui augmente la cadence sur l’écran à 48 Hz. Pour ce faire l’obturateur à pales est composé de 2 pales :
- Une pale pour masquer l’avance du film
- Une pale dite de “compensation” destinée à supprimer le scintillement.

En conclusion, au cinéma, on perd 50% de la lumière qui est masquée !