EQUIPEMENTS CINEMATOGRAPHIQUES
LA PROJECTION 16 mm
Si la projection 35 mm a toujours été "la" solution professionnelle commerciale de diffusion dans les théâtres cinématographiques, le 16 mm a, pour sa part, connu de belles heures et une clientèle importante, notamment dans le domaine de l'éducation et du social-culturel.
Il y avait également des cinémas "municipaux" de quartier en province qui proposaient une séance par semaine qui étaient équipés en 16 mm.
Le cinéma itinérant était également souvent exploité en 16 mm.
Bref, le 16 mm a été un vrai marché et nombre de fabricants ont couvert ce créneau.
Les copies étaient moins chères et l'encombrement plus faible.
Malheureusement la majorité des appareils 16 mm souffrait d'un mécanisme à griffe qui ne permettait pas d'en faire réellement une exploitation professionnelle.
DEBRIE avait le marché de l'éducation. Je me souviens, il y a de celà quelques années maintenant, à LAKANAL, dans la salle de projection, il y avait un équipement DEBRIE.
Avec des modèles professionnels comme le HORTSON, une projetion 16 mm n'avait pas à rougir. Ça ne faisait pas "patronnage" pour un sou et ça fonctionnait bien !
Le HORTSON
Avant la vidéo, dans les années 65 / 75, nous avons beaucoup utilisé le projecteur Hortson en projection 16 mm pour la communication audiovisuelle.
Le Hortson est un appareil 16 mm professionnel équipé d’un mécanisme à croix de malte, ce qui est rarissime sur des projecteurs 16 mm.
A part le Hortson, il y a un modèle de cabine de BAUER, ainsi qu'un modèle de cabine de EIKI. Enfin, EIKI a également sorti un modèle compact. Je crois également me souvenir d’un modèle ELMO, mais je n’en suis pas bien sûr aujourd’hui… et ce doit être à peu près tout.
Il y en a peut-être d’autres, mais je ne les ai jamais croisés.
Si la croix de malte était la solution évidente pour la projection 35 mm, il n'en n'était pas de même pour le 16 mm.
En effet, avec une seule perforation par image, il n'était pas envisageable de créer un débiteur avec seulement 4 dents.
HORTSON avait trouvé la parade pour permettre une avance intermittente du film 16 mm par débiteur denté.
Il semble assez difficile de remonter aux origines de la Compagnie HORTSON.
Néanmoins, en cherchant, j’ai retrouvé un certain nombre d’informations qui permettraient de penser que la compagnie HORTSON date de 1936.
On trouve un brevet français n° 1 004 418, déposé le 17 avril 1947 par la Compagnie Française HORTSON et délivré le 28 novembre 1951, pour un "Mécanisme d'entraînement du film pour appareils de projection cinématographique”.
Dans les années 60 la Compagnie HORTSON est reprise par THOMSON qui poursuivra la gamme des appareils de projection sans y apporter de véritables modifications.
D’un côté l’AIGLON qui date des années 40/50 et à droite une version de 1970.
En regardant ces 2 machines côte à côte, on constate que le HORTSON n’a pas beaucoup évolué en 30 années. Certes la peinture grise martelée fait plus moderne, mais pour le reste du mécanisme, peu de changement. Quelques contre-débiteurs en matière synthétique et c’est à peu près tout.
A partir de 1967, la THOMSON a modernisé la source de lumière des HORTSON. En reprenant les catalogues et schémas techniques, on constate que la lanterne 450 W XENON date de mi 1967, la lanterne 900 W de fin 1967 et la version 1 600 W de mi 68. Avant d’être au XENON, les HORTSON de cabine, avec une lanterne à arc, ressemblait plutôt à ça.
Mécanisme HORTSON à croix de malte.
Suite à la demande de certains internautes se montrant curieux de savoir comment fonctionnait le mécanisme intermittent de HORTSON, j’ai donc pris ma plume et réalisé quelques croquis qui j’espère seront assez convaincants pour répondre aux questions qui se posent.En premier lieu, voici un croquis extrait de l’excellent ouvrage de Jean VIVIER qui nous enseignait la technique cinématographique et l’histoire de cette technique.
Ce croquis est tout à fait intéressant et représente bien le mécanisme mais n’explique pas exactement comment ça fonctionne réellement.
J’ai donc reconstruit pas par pas une roue à 8 branches comportant 8 secteurs de 45° chacun.
Un mécanisme de croix de malte, ou son dérivé comme ici, est un mécanisme de grande intelligence qui est beaucoup plus sophistiqué qu’il n’y parait.
En effet, en décortiquant le mouvement, on se rend compte que ce mécanisme d’entrainement démarre son cycle avec zéro mouvement à partir d’un état stable et immobile, que l’ergot pénétrant tangentiellement dans la fente mécanique va entrainer la roue de croix en accélérant pour arriver à une vitesse maximum, puis la vitesse décroit et tombe à zéro lorsque l’ergot se dégage en douceur et que le plateau immobilise parfaitement la roue de croix.
En 35 mm, c’est évident car la croix a 4 branches et qu’il y a 4 perforations par image , la croix entrainant un débiteur à 16 dents.
Chaque ¼ de tour du débiteur fait avancer le film d’une image.
Le cycle global est de ¼ - ¾ avec ¼ du cycle pour l’avance de vue et ¾ immobilisé pour projeter l’image.
En 16 mm le problème est le même, il faut faire avancer le film de manière intermittente, mais il est tout autre car il n’y a qu’une seule perforation par image.
En transposant directement un mécanisme 35 mm on n’avancerait que d’1/4 d’image à chaque rotation. C’est la raison pour laquelle les mécanismes d’avance intermittente des appareils 16 mm est généralement un mécanisme à griffe directement dérivé de la machine à coudre… et ça marche mais le film est soumis à des contraintes importantes et brutales. De plus avec une seule perforation par image et d’un seul côté du film il est difficile de répartir l’effort sur un nombre raisonnable de perforations.
La croix de malte dérivé pour le 16 mm a donc une indéniable supériorité car elle entraine le film sur au moins 4 ou 5 perforations et que le mouvement permet une accélération / décélération qui assouplit grandement le phénomène intermittent et minimise les contraintes.
La roue à 8 branches est solidaire d’un débiteur à 8 dents. Chaque huitième de tour représentant une rotation de 45° fait avancer le film d’une image.
Pour que le mécanisme soit fiable et ne cogne pas il faut que l’ergot d’avancement pénètre dans le logement de la roue tangentiellement. Ainsi la vitesse passe-t-elle de 0 au maximum en douceur. Idem pour la sortie.
Un huitième de tour représente 45° de la croix. En fonction des contraintes d’accès/sortie en mode tangentiel, la roue à ergot qui assure l’entrainement doit faire pour sa part 135° pour faire tourner la croix d’un huitième, et faire avancer le film d’une image.
135° de rotation représente 0,375 / 1 du cycle. C’est donc plus grand que ¼ de cycle et correspond à 1/64ème de seconde. C’est trop long.
Rappel :
Le cinéma tourne à 24 images/seconde, ce qui est notoirement insuffisant pour obtenir une image sans scintillement. Pour éviter le scintillement, chaque image est projetée 2 fois. On obtient alors une cadence de 48 périodes qui permet une vision confortable.
Le problème réside dans l’équilibre entre éclairement et obturation. Si les parts de cycle sont déséquilibrées, le scintillement réapparait, même à 48 périodes. On a donc développé un cycle en 4 temps égaux pour 1/24ème de seconde où 1/96ème est obturé et affecté à l’avance du film, 1/96ème de projection, 1/96ème d’obturation de compensation et enfin 1/96ème de projection.
Nous y sommes : 4 x 1/96 = 1/24
Pour revenir au HORTSON, avec le système à 8 branches et débiteur à 8 dents, l’avance est trop longue et prend 1/64ème de seconde.
La solution : faire tourner le plateau d’entrainement 2 fois plus vite et n’entrainer la croix qu’un tour sur deux.
La vitesse d’avance passe alors en dessous du ¼ de cycle et c’est gagné.
Voici une séquence complète d'avance de vue.