EQUIPEMENTS CINEMATOGRAPHIQUES

LES SUPPORTS DE PROJECTION
Les films longs métrages.

Les films étaient généralement conditionnés en 600 m, ce qui signifie que le projectionniste avait 20 minutes pour rembobiner la bobine qui venait de passer, changer les charbons et charger la nouvelle bobine tout en surveillant l’appareil qui tournait.
A chaque nouveau film il fallait avant toute projection vérifier l’état de la copie, l'amorce et les signes de changement de bobine. Plus la copie avait vécu et plus il y avait de chance de tomber sur une copie dégradée comportant de multiples cassures. Il était souhaitable de vérifier les collures afin d’éviter de casser dans le projecteur. A l’époque où les films étaient systématiquement projetés en 600 m, les choses se passaient plutôt pas mal.
On a commencé à avoir des problèmes lors de l’utilisation des bobines de 1 800 m et lors de l’entrée en action des dérouleurs.
Les cinémas utilisant de grandes bobines ou des plateaux devaient préparer le film. Les bobines étaient collées les unes aux autres après coupure de l’amorce et de la fin de bobine. Avant de quitter le cinéma, le film était remonté en bobines de 600 m.

A force de collure multiples, on perdait des morceaux de film et il n’était pas rare que dans ces opérations les signes de changement de bobines disparaissent ou ne soient plus à la bonne place.
Il pouvait avoir des risques d’erreur d’identification, l’amorce pouvant ne pas être recollée sur la bonne bobine…
En cas d’anomalie ou de cassure, le projectionniste était tenu de le signaler par une fiche dans la boite du film. Ce n’était pas toujours le cas. Toutes les copies du circuit commercial étaient normalement vérifiées chez le distributeur avant de repartir dans la nature, mais là aussi, ce n’était pas toujours le cas !
Il est arrivé d’avoir une bobine manquante, mais ça ce détecte rapidement.

Amorce de début de bobine

Les amorces de film permettent de charger le film avec un cadrage satisfaisant, d’obtenir le bon décalage entre l’image et le son et de permettre le lancement de l’appareil afin d’être à la bonne vitesse lors de la projection.

L'amorce de film comprend :
- L’identification du film et de la partie correspondante ou N° de la bobine.
- La Fenêtre de départ son
- La Fenêtre de départ image
- Le décompte représenté par des numéros de 11 à 3, puis le film proprement dit.

Les numéros du décompte sont espacés de 30 cm et permettent le calage de l’appareil en tenant compte du temps de démarrage nécessaire au projecteur.
Après le chiffre 3, il y a 90 cm de noir avant la première image.

Avant de charger la copie, il fallait au préalable vérifier que la croix de malte était bien à l’arrêt afin de s’assurer d’un bon cadrage lors de la projection.
On chargeait alors le film en commençant par mettre l’image de départ image dans la fenêtre. Puis on calait le départ son sur le tambour de lecture.
On faisait avancer le film à la main pour vérifier que tout allait bien puis on calait le film sur le numéro 8/7, en général.
Ce chiffre dépendait de la rapidité du projecteur à démarrer et à prendre sa vitesse de croisière.




Changement de bobine
A 24 images par seconde, une bobine de film de 600 m représente 20 minutes de projection.
Un film d’une durée de 1 H 30 se présentait en 5 bobines et faisait de l’ordre de 2 700 m (4 bobines de 600 m et une dernière bobine de 300 m)
Pour que le spectateur puisse voir le film dans sa continuité,sans interruption, il y avait 2 projecteurs en cabine et c’était la tâche du projectionniste d’enchainer les bobines de manière “invisible”, sans que le public ne s’en rende compte.

Quand et comment changer de bobine ?

Quand : avant la fin de la bobine,… bien sur !
Comment : grâce aux indications de changement de bobine.

Les signes de changement de bobine sont directement imprimés sur la pellicule, en fin de bobine, dans l’angle supérieur droit. Ils se présentent sous la forme d’un petit rond sur 4 images, soit 1/sixième de seconde. (il fallait être attentif)
Afin d’enchainer correctement les différentes parties, il y avait 2 séries de signes à l’usage du projectionniste.

Un premier signe, situé à 3,60 m de la fin du film (environ 8 secondes), donnait le signal du démarrage du second projecteur. Le deuxième signe, situé à 30 cm (2/3 de seconde) de la fin de la bobine, était le signal du changement, d’appareil.
Après le deuxième signe il ne restait que 2/3 de seconde pour opérer le changement sinon c’était le noir sur l’écran !... et l’engueulade à la sortie.

Le premier signe, intervenant en gros à 8 secondes de la fin de la bobine, donnait le temps nécessaire au deuxième projecteur de démarrer, parcourir les 2,40 m d’amorce (à partir du repère 8) et prendre sa vitesse de croisière de manière à arriver à la première image, et à la bonne vitesse, au moment du changement d’appareil.

Format de projection
Le projectionniste est tenu de respecter les formats des œuvres. Même si à une époque on prévoyait de l'air en haut et en bas afin de recadrer les différents formats d'origine en 1,85.
En cinéma 35 mm on dispose tout de même de plusieurs formats distincts. Pour chaque format il faut sélectionner la bonne fenêtre de projection de même que le bon objectif pour remplir l’écran.



Il y a toujours une différence entre la taille de l'image enregistrée et la taille de la fenêtre de projection, la fenêtre de projection étant toujours plus petite que l'image afin d'obtenir des bords d'image bien net sur l'écran.

Le cinémascope - format large avec anamorphose
Le CINEMASCOPE est un procédé d’élargissement optique de l’image que l’on doit au Professeur CHRETIEN.
Ca faisait des années qu’Henri CHRETIEN avait mis au point son procédé, mais il n’avait jamais réussi à le commercialiser autrement que comme curiosité ou appareil de foire.
Il fallut attendre le coup de tonnerre du CINERAMA en 1952 pour qu’HOLLYWOOD, se sentant menacer, décide de revoir sa copie et d’élargir ses écrans. Une fois le procédé lancé, l’engouement du public pour le grand écran faisant le reste, la majorité des films furent tournés en CINEMASCOPE à partir des années 53/54.
Un complément optique est utilisé à la prise de vue afin de réduire l’image horizontalement dans un rapport de 2.
Les gens sur la pellicule sont donc filiformes.
A la projection, un complément optique inverse permet d’élargir l’image dans le même rapport de 2 qu’à la prise de vue restituant ainsi l’image dans son intégrité.

Les sous titres
Les sous titres peuvent être incorporés dans l'image lors du tirage.
Cette solution est privilégiée lorsqu'il y a un grand nombre de copies à mettre dans la nature.
Si l'on ne doit sous titrer que quelques copies, voire une seule, on adopte une méthode par gravure.
Des poinçons sont fabriqués pour chacune des planches de sous titre. Le film est ensuite enduit de parafine. Les poinçons ne perforent que la couche de parafine, laissant le film intact. Puis le film passe dans un bac "d'acide" qui dissout la gélatine aux endroits poinçonnés laissant ainsi apparaitre en blanc les sous titres gravés sur la pellicule.
Enfin, il existe une méthode qui consiste à projeter les diapositives de sous titre en surimpression lors de la projection.
C'est un système d'une évidence simple mais assez complexe à mettre en oeuvre et à synchroniser.
Aujourd'hui, avec le numérique, les choses sont incomparablement plus faciles.
Le package DCP inclut autant de sous titres que nécessaire sans modifier la "copie" image.

Les normes concernant les copies d'exploitation

Les fournisseurs d'équipement mettaient à disposition des projectionnistes des manuels bourrés d'informations utiles.