ECRAN LARGE

INTRODUCTION

Pendant bien des années la taille des écrans était de l’ordre de 6 m de base, ce qui offrait un bon compromis Définition / Lumière et tout le monde était content.
Alors, pourquoi donc avoir élargi la base des écrans de cinéma ?

Eh bien voilà, dans les années 50 est apparu un appareil susceptible de livrer des images à domicile, cet appareil avait pour nom Télé Vision... et le cinéma a commencé à souffrir.
La TV des années 50 a porté un rude coup au cinéma !

A part quelques irréductibles passionnés qui voulaient tout révolutionner comme Herbert Thomas KALMUS de TECHNICOLOR, Fred WALLER du CINERAMA, Michael TODD du Todd-AO, Douglas TRUMBULL du SHOWSCAN, et quelques autres, la grande majorité des gens et techniciens du cinéma ne sont pas très enclins à changer ce qui fonctionne... tant que le public est au rendez-vous !
En revanche quand la fréquentation connait un trou d’air c'est l'agitation, il devient alors urgent d’agir et dans ce cas, tous les moyens sont bons.
En période de crise on a l’habitude de s’agiter dans le monde du cinéma, et même d'être inventif.


Voici quelques exemples d’images cinématographiques en projection sur écran large.

- PANORAMIQUE VISTAVISION - rapport 1/1,85 - Copie 35 mm / négatif 35 mm horizontal (8 perfos)



- SUPER PANAVISION / TODD AO - rapport 1/2,2 - Copie 70 mm / négatif 65 mm
- Images extraites de "LAWRENCE d’ARABIE" / David LEAN – 1962




- PANAVISION 70 - rapport 1/2,2 - Copie 70 mm / négatif 35 mm Scope
- Images extraites de "Docteur JIVAGO" / David LEAN – 1965




- CINEMASCOPE rapport 1/2,35 - 35 mm anamorphosé
- Images extraites du "BAL des VAMPIRES" / POLANSKI - 1967




- CINEMASCOPE rapport 1/2,55 - 35 mm anamorphosé (SCOPE FOX)
- Images extraites de "The ROBE" / Henry KOSTER - 1953 - le premier film en CINEMASCOPE



- CINERAMA rapport 1/2,65 - 3x35 mm
- Images extraites de "How The West Was Won" - 1962 - première fiction en CINERAMA





- ULTRA PANAVISION 70 rapport 1/2,76 – Copie 70 mm anamorphosée / négatif 65 mm
– Images extraites de "BEN HUR" / William WYLER - 1959




- - - - - - - - - L'Image la plus large du Cinéma (Hors films expérimentaux)- - - - - - - - -

SURFACE de PROJECTION

Les dimensions d’un écran de projection sont dictées par une équation relativement simple qui comprend 2 facteurs biens connus :
- La définition de l’image
- La luminosité

Tant la définition que la luminosité de l’image sont en relation directe avec le grossissement, et donc la taille de l’image projetée.
En 35 mm, l’image de base inscrite sur la pellicule est de 21 mm de large. Pour projeter cette image sur un écran de 10 m de base il faut lui appliquer un grossissement de 475, ce qui est assez considérable. A titre d’exemple, 2 points espacés de 1 mm sur la pellicule se retrouveront distants de près d’un demi-mètre à l’arrivée.
La luminosité pour sa part répond au carré de la surface. Prenons un format panoramique de 1,66, il faudra 2 fois plus de puissance pour obtenir la même luminosité sur un écran de 14 x 8,5 m que sur un écran de 10 x 6 m.

Dans le cas présent de la couverture d'un écran de 10 m de base, le grossissement important amplifie non seulement l'image mais également tous les défauts et le mécanisme du projecteur doit être particulièrement précis pour obtenir une image stable à l’arrivée. Dans la précédente hypothèse d’un grossissement de 475, si le film bouge d’un demi-millimètre au niveau de la fenêtre de projection, ce sera un déplacement très perceptible de 25 cm sur l’écran.
Indépendamment de la stabilité, la qualité de définition est directement impactée par la qualité de l’objectif, meilleur sera l’objectif et plus précise sera l’image sur l’écran.
Quant à la lumière, on a fait avec ce que l’on avait. Les lampes à arc ont permis d’obtenir des puissances conséquentes compatibles avec de large couverture d’écran.

Tout cela ne s’est pas fait en un jour.

POURQUOI CHANGER CE QUI FONCTIONNE ?

La première grande crise du cinéma est intervenue aux Etats Unis au milieu des années 50 avec l’émergence de la télévision et là les spectateurs ont commencé à délaisser les salles obscures.
Il a fallu se creuser la cervelle pour lutter contre la concurrence du petit écran qui vous apportait des images à domicile. La réflexion d’alors était : il faut ramener le public dans les salles obscures en mettant en œuvre des techniques que la télévision ne pourrait pas mettre en œuvre de sitôt.

L’image télévisuelle étant limitée, la taille de l’image fut la première piste explorée :
- On va couvrir des écrans plus grands afin de se distinguer de la télévision.
- La seconde piste explorée fut celle de l'environnement sonore et du son multicanal.

La riposte du cinéma, magistralement orchestrée, est arrivée comme un coup de tonnerre en 1952 et s’appelait CINERAMA.
Fred WALLER un spécialiste des effets spéciaux et des moutons à 5 pattes à la PARAMOUNT en était le papa.
Avec le CINERAMA le cinéma avait plusieurs longueurs d’avance et 2 atouts majeurs que la télévision ne pouvait pas contrer de si tôt, la taille de l’image et le son multicanal de qualité.
Aujourd’hui encore, quand on cherche ce que l’on pourrait bien faire d’original en cinéma, on se tourne invariablement vers la meilleure source d’inspiration : le CINERAMA.
Le CINERAMA est longtemps resté une sorte de manifeste cinématographique plein de bonnes idées.

“This is CINERAMA” est resté à l’affiche du BROADWAY Theater de New York quelques 122 semaines à partir de septembre 1952 !
Le BROADWAY Theater a été le premier théâtre cinématographique en CINERAMA. Le film était projeté sur un écran courbe qui faisait 21 x 8 m, soit une superficie de 168 m² avec un angle de vision horizontale de 146° sur 55°.

Ça a été le point de départ de la course à l’élargissement des écrans !

- 1952 - CINERAMA
- 1953 - CINEMASCOPE
- 1954 - VISTAVISION
- 1954 - TECHNISCOPE / SUPERSCOPE
- 1955 - TODD AO / DIMENSION 150
- 1956 - TECHNIRAMA
- 1957 - ULTRA PANAVISION
- 1959 - SUPER PANAVISION 70
- 1965 - PANAVISION 70

Plusieurs tentatives avaient été précédemment réalisées dès 1930.
- MAGNIFILM : une exclusivité PARAMOUNT avec un format de pellicule de 56 mm
- NATURAL VISION propriété de RKO Radio, format de pellicule : 63 mm
- REALIFE marque de la MGM, format de pellicule : 70 mm
- GRANDEUR une propriété de la FOX, format de pellicule : 70 mm
On ne pouvait décemment pas demander aux théâtres cinématographiques d’installer des équipements spéciaux pour chaque format !
Cette prolifération de formats de pellicule large sans concertation ni normalisation s’est donc soldée par un abandon pur et simple et il faudra attendre 1952…

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