TRANSCRIPTION SONORE

Si l'on aime les disques Vinyles, il faut s'équiper d'un tourne disque capable d'extraire du sillon "magique" la musique qui y a été enregistrée.
Le sillon d'un disque renferme une quantité d'informations analogiques qui est considérable et pour en extraire la musique il faut une platine tourne disque qui est bien plus qu’un simple plateau tournant.
C’est aujourd’hui un appareil de haute précision qui permet, par l’intermédiaire de la cellule montée sur le bras de lecture, d’extraire des données musicales analogues micrométriques gravées dans le sillon d’un disque vinyle.
Un long chemin a été parcouru depuis l’électrophone des années 50/60.


Si vous voulez tout savoir sur la lecture de disques monophoniques : Le POINT sur la lecture de DISQUES MONOPHONIQUES

Les Tables de Lecture
Ces outils de reproduction sonore ont pour ancètre le Gramophone d'Emile BERLINER et sont aussi communément appelés tournes disques.

Vous avez ici 2 platines professionnelles, d'une part une SCHLUMBERGER-CLEMENT et d'autre part une EMT.

Le disque
Les informations résidant dans le sillon, comme chacun le sait, ont subies un certain nombre d’opérations depuis la captation du son par le microphone.
Ces diverses opérations de précisions vont, au final, permettre d’héberger le message musical sur un disque vinyle réalisé avec le plus grand soin.
Que l’enregistrement provienne d’une bande magnétique, d’un enregistrement direct ou aujourd’hui d’un fichier dématérialisé, ne change rien au processus séculaire de fabrication qui est maintenant bien rodé.
Si Emile BERLINER a remporté la guerre du disque à plat contre le cylindre, c’est essentiellement grâce à la facilité de duplication.
C’est la galvanoplastie qui a rendu possible la duplication aisée de disques à plat par comparaison au cylindre qui, pour sa part, a toujours présenté de réelles complications et difficultés de copie.

Voici le processus de réalisation d’un disque vinyle.
- Enregistrement
- Montage
- Mastering
- Gravure
- Galvanoplastie
- Pressage
- Bac à disques

A part l’enregistrement, qui est bien entendu une tâche essentielle, si ce n’est la première, de la fabrication d’un disque, l’autre étape de la plus haute importance est la gravure.
Galvanoplastie et pressage sont des opérations purement techniques mais se doivent d’être réalisées avec le plus grand soin pour obtenir un bon disque.
Un excellent enregistrement et une mauvaise gravure ne feront jamais un bon disque.
La gravure est vraiment une étape clef du processus.
“L’ingénieur graveur” fait appel à des équipements spécifiques fabriqués par une poignée de sociétés dont les plus connues sont, par ordre alphabétique, LYREC, NEUMANN, SCULLY et WESTERN, parmi d'autres.
Un graveur est un vrai meccano et il est fréquent que sur une base donnée chacun fabrique sa propre machine en choisissant la tête de gravure, les amplis de puissance, voire même le plateau… Les têtes de gravure renommées ont été fabriquées par WESTREX, FAIRCHILD et RCA, parmi d’autres.

Une vis sans fin entraine un burin graveur qui trace le sillon dans une galette d’acétate ou de laque déposée sur un disque aluminium. La gravure est minutieusement suivie au microscope afin de garantir la qualité des informations enregistrée dans le sillon. Le burin graveur est chauffé afin de facilité le travail et d'obtenir une découpe bien franche. Le copeau, constitué par la laque ou l’acétate creusé, est aspiré afin d’éviter tout risque de malformation du sillon.
On peut aisément trouver de nombreuses informations sur la fabrication des disques vinyles.
La gravure minutieusement contrôlée on passe à la phase de galvanoplastie car la laque ou l’acétate gravé est d’une extrême fragilité. A partir de la gravure la galvanoplastie permet de constituer un positif (père) qui permettra à son tour de créer une “mère”.
La mère est un disque métallique, reflet exact de la gravure en version robuste. De cette mère seront tirés les “stampers” c’est à dire des matrices positives en relief du disque qui seront utilisés dans la presse pour réaliser les disques commerciaux que l’on retrouvera dans les bacs.

Les “stampers” des faces A & B du disque sont installés sur une presse, qui applique une pression de plusieurs tonnes à un "petit pois" de polychlorure de vinyle qui, sous la pression, se retrouve transformé en galette.
Au bout du compte, on obtient un disque vinyle… c'était ce que nous espérions… Ouf !

Je reste impressionné et émerveillé par la quantité monumentale d’informations que toute cette chaine mécanique-analogique a su préserver.
Il faut savoir que le procédé est mécanique, même s'il fait appel à l'électronique pour l'amplification et la gravure. Mécaniquement, l’énergie des sons graves est bien plus importante que celle des sons aigus. De ce fait le sillon est plus amplement modulé par les sons graves que par les sons aigus. Pour éviter que le sillon ait une trop grande amplitude dans le premier cas et une amplitude insuffisante dans le second, on applique une correction électronique au signal afin de diminuer les sons graves d’une part et d’amplifier les sons aigus d’autre part. Tout le monde en a entendu parler : c’est la correction RIAA qui s’est généralisée au milieu des années 50.

Le plateau tournant.
Bien que ce soit à une échelle microscopique, la quantité d’énergie disponible dans le sillon est considérable. La pointe de lecture qui parcourt le sillon subit des accélérations de plusieurs G. Il faut donc maitriser cette énergie considérable en maintenant fermement la pointe de lecture en contact avec le sillon et en évitant à tout prix que ces accélérations brutales ne mettent la cellule en vibration.
Seule la pointe de lecture doit bouger et transcrire l’information. Si la tête et le bras entrent en vibration, c’est fichu.
Le plateau, s’il est mal régulé, peut également faire les frais de ces accélérations considérables. En effet, l’accélération de la pointe de lecture peut venir freiner le plateau ! Il y a eu plusieurs études dans le domaine qui montrent que certains appareils de qualité médiocre subissent des variations de vitesse dues à la lecture du sillon.
Quand l’accélération de la pointe de lecture est important, le plateau ralentit.
Etonnant, n’est-ce pas ?
En conclusion, un tourne disque c’est un plateau tournant bien plus évolué qu’une simple “tournette” destinée à présenter une paire de chaussure en vitrine d’un chausseur.

Le Pivot
Le pivot est la pièce centrale d’un tourne disque.
L'axe du plateau, qu'il soit indépendant ou solidaire du-dit plateau, est guidé par un palier ou un roulement et repose sur une "butée". Le point de contact sur la "butée" permet de maintenir le plateau en place mais peut également apporter les pires nuisances.
C’est par lui que peuvent se transmettre vibrations et frottements du pire effet sur la lecture du disque.
La motorisation doit bien entendu être à la hauteur, stable et régulière sans scintillement ni variations lentes. (Wow et flutter)
Notre tourne disque prend forme : Un plateau, un pivot et un moteur.

Bras et cellule
Une fois qu’on a choisi le plateau, il faut choisir un bras et enfin une cellule.
Le couple bras/cellule se doit d’être considéré comme un tout. Un excellent bras peut s’avérer désastreux avec une cellule mal adaptée. La compliance de la cellule, entendez souplesse et élasticité de l'équipement mobile de lecture, est une donnée très importante pour obtenir un couple bras/cellule efficace et performant.
Pour reproduire la musique enfouie dans les sillons microscopiques il faut que la pointe de lecture puisse se mouvoir librement et suivre le sillon. La cellule de lecture pour sa part transforme les informations mécaniques recueillies par la pointe de lecture en grandeurs électriques.
La pointe qui suit le sillon transmet son mouvement au mécanisme de transduction qui va convertir le mouvement en électricité.
La pointe n’est donc pas totalement libre ! D’autre part, vu les accélérations, si la pointe était libre elle s’échapperait de son habitacle et vous la retrouveriez à plusieurs mètres de votre tourne disque. Il faut donc la maintenir.
Il faut être libre tout en étant maintenu : c’est somme toute bien compliqué tout ça !

Il existe plusieurs technologies de têtes de lecture.
Les 2 familles les plus utilisées étant les cellules à aimant mobile ou aimant induit et les cellules à bobine mobile.
Des cellules à jauge de contrainte et des cellules à condensateur ont également existé mais sont restées très confidentielles dans un domaine plutôt expérimental.
De par la technologie de transduction, les cellules à aimant mobile sont plus souples que les cellules à bobine mobile (compliance plus élevée). Un bras uni-pivot, pour sa part, aura tendance à avoir moins de friction qu’un bras classique à cardan et roulement à bille.
Il faut donc bien étudier le couple bras cellule avant de se lancer dans des investissements qui pourraient s’avérer assez élevés pour un résultat qui pourrait ne pas être à la hauteur.

Lorsque toutes les pièces du puzzle sont réunies, il ne reste plus qu’à assembler et régler l’ensemble pour que ça fonctionne et que ça fasse de la musique.

La lecture d’un disque
Un disque est gravé suivant une trajectoire radiale alors que sa lecture se fait au moyen d’un bras qui explore un arc de cercle. Il y a donc un certain nombre de réglage à opérer afin de confondre au mieux le rayon et l’arc. Un gabarit permet de positionner le bras à la meilleure place afin que la cellule soit “presque” toujours parallèle au sillon du début jusqu’à la fin du disque avec le minimum d’erreur d’alignement. Il faut ensuite régler la hauteur afin que la cellule respecte le bon angle vertical de lecture, ceci étant généralement obtenu en alignant le corps de la cellule parallèlement au disque. Vient ensuite l’azimut afin que la cellule soit bien d’aplomb et ne favorise pas un flanc de sillon plutôt que l’autre. Force d’appui et force centripète vont venir compléter les réglages impératifs pour obtenir une lecture correcte.
Là, nous y sommes, il ne reste plus qu’à écouter la musique.

C'est un réel plaisir de régler les suspensions de la platine, d'optimiser la position du bras et de la cellule, de manière à obtenir le meilleur des équipements que nous avons sous la main,… mais je comprends fort bien que ce ne soit pas le bac à sable de tout le monde.

Les Préamplificateurs Phono
Outil à part entière de la transcription de disques, le préampli est un appareil à ne pas négliger.

Quelle que soit la technologie de la cellule, elle n’est pas capable de transmettre les informations extraites du disque directement aux hauts parleurs. Il va falloir amplifier ce signal et comme le niveau de sortie des cellules est faible il va falloir, dans un premier temps, un étage spécifique de pré amplification pour le mettre au même niveau que les autres sources. On profite de cet “étage phono” pour désaccentuer le signal en lui appliquant la correction RIAA.
Depuis que les préamplis modernes, ayant anticipé à tort la mort du vinyle n’offrent plus d’entrée pick-up, cette étape est aujourd’hui généralement confiée à un préampli ou à un étage phono indépendant.
En matière d’étage phono, on trouve des équipements allant d’un prix d’achat de quelques dizaines d’euros jusqu’à une dizaine de milliers d’euros, ce qui représente un rapport de l’ordre de 1 à 1000.
Est-ce que ça les vaut ????
En toute honnêteté les plus onéreux ne sont pas toujours les meilleurs et inversement, en dessous d’un prix minimum, il ne faut pas s’attendre à des miracles.
Ne vous fiez pas uniquement à la renommée de la marque. Ecoutez par vous-même avec vos oreilles et vos propres critères. Le but n’est pas d’acheter un équipement pour épater vos voisins, bien que... des fois ça fasse tout de même un peu partie des critères... mais plutôt pour vous permettre de passer des moments agréables avec vos musiques préférées.

Le PIONEER C 21 est un préampli qui date de 1977, peu onéreux et performant, c'est un excellent appareil qui fait de la musique.
N’étant pas hors de prix il n’a jamais joui d’un grand prestige, mais il était efficace, simple et musical. Que demander de plus ?
Ce préampli avait la particularité de permettre l’ajustement de l’impédance et de la capacité de l’entrée phono MM, ce qui n’était tout de même pas très courant à cette époque.
J'en ai un exemplaire que je mets en route de temps à autre car il n’a rien perdu de sa capacité à reproduire de la musique et il est loin d'être ridicule.

Donc, n’achetez pas n’importe quoi !
Beaucoup d’appareils jouissent d’une renommée en partie usurpée. Le bon matériel a un prix, mais il n'est pas nécessaire que ce soit hors de prix !

Quelques expériences
Mes débuts dans le domaine de l'électroacoustique date du milieu des années 60 et ont débuté par de la menuiserie lorsque nous avons réalisé, en "transformant" un vieux sommier, une paire d'enceinte pour l'installation familiale qui venait de passer à la stéréophonie.
Du côté réalisation électronique, en 1967, c'est un schéma CABASSE qui a retenu notre attention.
Début 1970, j'ai eu l'opportunité de passé à l'étape supérieure avec un équipement qui était considéré comme de haut niveau à l’époque : le préampli SONY TA 2000.
J’avais hésité entre le préampli MARANTZ 7T qui jouissait d'une excellente renommée et le SONY TA 2000, mais comme à cette époque je résidais au Japon, j’ai opté pour un équipement local, en l’occurrence le préampli SONY. Il est vrai que c’est une machine remarquablement conçue avec des blindages pour chaque carte. Visiblement, à cette époque, le coût de revient n’intervenait pas dans la conception de l’appareil.
Le modèle TA 2000F, sorti 2 ans après, est supérieur au TA 2000. Il se distingue extérieurement par un encadrement en noir des vumètres et un réglage de charges des cellules phono à l’arrière. Mais en fait, la majorité des circuits a été revue, à part le coffret et la conception modulaire les 2 appareils n’ont que peu de parenté au niveau des circuits électroniques.


En tant "qu'idiophile", il est toujours tentant d'utiliser d’autres appareils, histoire de tenter d’améliorer le système, ou par simple curiosité. On veut toujours mieux et quand on croit avoir fait le tour de ce que l’on possède, on souhaite voir ailleurs.

Depuis des années, dans les revues bien pensantes, on nous rebattait les oreilles avec MARK LEVINSON, AUDIO RESEARCH et d'autres...
Si AUDIO RESEARCH a fabriqué quelques excellents équipements, on ne peut pas non plus conclure que tous les appareils de la marque sont hors du commun et justifient une acquisition les yeux fermés.
J’ai été singulièrement déçu par quelques appareils de la marque !
Un excellent préampli abordable était le SP9 MK II. Un remarquable outil qui procure des heures d’écoute agréable.
Le SP 14 en revanche n’était à mon avis pas à la hauteur. Je n’ai pas aimé le SP 14. J’ai en revanche rencontré des audiophiles qui ne juraient que par lui.
Qui détient la vérité ?
Une valeur sûre chez AUDIO RESEARCH l'ensemble SP 9 MK II et l'ampli D 70 MK II.

S'il existe une marque californienne assez mysterieuse et tentante, c'est très certainement SPECTRAL.
Le préampli DMC 10 est un appareil intéressant qui jouissait à l’époque d’une certaine aura médiatique et qui était considéré comme un excellent étage Phono.
Keith O. JOHNSON qui faisait, et fait toujours, des prises de son admirables, notamment pour RR (Référence Record), a été en partie impliqué dans SPECTRAL.

MARK LEVINSON.
Marque incontournable du paysage HiFi international. L'ère MADRIGAL a apporté la fiabilité qui a pu faire défaut au départ sur certains équipements Mark Levinson
Les revues spécialisées étant à cours de superlatif, quand elles citaient des appareils MARK LEVINSON, il était tentant de se faire sa propre idée.
En pré-amplification le ML 12 est un appareil assez ancien mais interessant. J'ai eu entre les mains un exemplaire qui présentait un problème de transfo. Il était bruyant et de plus générait un ronflement audible fort désagréable.
Après avoir sorti le transfo de la boite et l’avoir isolé dans un petit coffret indépendant, tout est rentré dans l'ordre.
Dans la gamme des préamplis, le ML 26 est un bel appareil avec un étage phono des meilleurs qui n’a pas à rougir devant le ML 25, préampli phono indépendant.
Le ML 28 est très certainement une grande réussite. C’est un appareil simple et très ergonomique, pratique à exploiter, doté de 2 entrées symétriques, d’un circuit phono en option et de sorties doublées symétriques et asymétriques.

Ampli et Hauts parleurs
Après votre préampli il vous faudra acquérir un ampli et enfin des hauts parleurs. S’il fallait faire un classement, après le tourne disque le bras et la cellule, je dirai que ce sont les hauts parleurs qui me parait le maillon le plus important.
Privilégiez les hauts parleurs, vous aurez tout votre temps pour faire progresser votre électronique dans le futur. Donc, choisissez dès le départ une paire de hauts parleurs qui traduisent la musique comme vous l’aimez.

Une petite parenthèse qui va en faire hurler plus d’un !
Aucun éléments d'une chaîne de reproduction sonore, que ce soit un élément actif, préampli, ampli, etc. ou passif comme un câble n'est complètement transparent.
Tous les hauts parleurs sont différents et apportent tous leur lot de bonnes et mauvaises contributions à la reproduction sonore.
Choisissez en priorité ce qui vous plait et correspond à votre perception musicale. N’achetez pas tel produit car on vous l’aura vanté, mis faites-vous votre propre idée en fonction de vos propres critères d’esthétique sonore.
Tout est coloré, c’est un fait.
Heureusement d’un certain côté sinon le choix n’existerait pas.
Il vous faut donc choisir la "couleur" qui vous convient et répond à vos aspirations, un point c’est tout.

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Table de Lecture Laser
Pour ceux qui ne veulent pas s'empoisonner la vie, avec une table de lecture, un bras, une cellule et un préampli, vous avez toujours la solution de la lecture laser.

Ce serait plutôt à l'attention des gens frileux qui craignent de ne pas y arriver.
Je vous assure, indépendamment d'être passionné, c'est à la portée de tous et c'est un vrai plaisir de régler, d'ajuster, adapter et enfin écouter le résultat de ses efforts,
Il est parfois nécessaire de faire des expérimentations avec différents tubes pour obtenir le meilleur résultat d'un préampli.
Par exemple, le PH3 d'AUDIO RESEARCH peut paraitre au prime abord quelque peu insipide.
Une fois que vous aurez installé les meilleurs tubes au bon endroit, l'appareil sera transfiguré.

Pour en revenir à la table Laser, certes, c'est un peux onéreux... et il n'y a que peu de chance que le prix baisse...
C'est une option qui est capable du bon... et du moins bon... en matière de transcription sonore.

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