Le Vinyle ! Que connait-on de ce “nouveau” media du XXIème siècle ?


Chapitre I : d’où vient le VINYLE ?
Aujourd’hui, en ce début de l’an de grâce 2020, on constate un engouement et un plébiscite pour le vinyle de la part d’une tranche de population qui dispose d’une oreille de chaque côté de la tête.
Les motivations pour ce nouveau support sont multiples et variées, mais le fait d’avoir quelque chose de palpable entre les mains – c’est plus valorisant qu’un fichier dématérialisé que l’on peut aisément perdre, avoir une pochette avec une belle photo et un texte bien écrit – c’est plus agréable que de ne rien avoir du tout, sont des raisons suffisantes en soi pour expliquer l’attraction, indépendamment de toute considération sonore.
En effet, les bacs à disques remplacent aujourd’hui avantageusement les racks à CD sur des dizaines de mètres linéaires dans les magasins (qui se veulent au gout du jour).
Le CD, qui aura comblé d’aise un certain nombre de paires d’oreilles depuis son avènement en 1983, est aujourd’hui, il faut bien l’avouer, des-amouré.
A qui la faute ?
A la quantité des données, au poids des fichiers, à la dématérialisation… à la versatilité de l’être humain.
Remarquez que c’est toujours la même méthode qui est employée lors d’un divorce ou quand on veut se débarrasser de quelqu’un ou de quelque chose.
Bref, à tort ou à raison, peu importe d’ailleurs, le constat est sans appel : le CD subit une désaffection pour de bon. Quant au MP3, qui était pourri depuis le début, qui a fait beaucoup de mal et qui a contribué à développer des générations de “sans oreilles”, nous n’en parlerons pas.


En fait, il est temps de remettre les choses à leur place et de reconnaitre que le vinyle est un média “senior” qui a reçu ses lettres de Noblesse il y a quelque 132 ans !
Le vinyle est en effet un support séculaire que l’on doit à Emile BERLINER qui a présenté son gramophone avec disque à plat en 1887 !
Après un certain nombre d’expérimentations, la commercialisation de ce procédé a démarré en 1894, autant dire que c’était quand même un peu… avant hier.
A l’époque on n’appelait pas “ça” vinyle, parce que d’ailleurs ça n’en était pas.
On appelait “ça” des "shellac" et c’était fabriqué à partir d’un produit naturel issu de la gomme-laque.
Il fallut près de 6 ans pour tout mettre en place et affronter le phonographe à cylindre qui était alors le seul appareil à reproduire des sons à l’époque.
He oui, il n’y avait pas d’internet ni de réseaux sociaux ni d’influenceur.

Aujourd’hui, pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, c’est effectivement un support “tout nouveau - tout beau”… en fait, tout nouveau, pas tout à fait nouveau, mais tout beau… très certainement !
Les gens de peu de Foi et les grandes sociétés qui s’étaient empressées de jeter leurs presses dans les années 80 pour fabriquer des salles blanches pour le CD font marche arrière. Certaines compagnies, celles-là même qui font partie des plus arrogantes de la planète, bénissent la renaissance du Vinyle et se glorifient aujourd’hui d’ouvrir des nouvelles usines de pressage toute neuves.
De ceux-là il faut se méfier car s’ils sont revenus au Vinyle ce n’est pas pour la qualité, ni pour l’amour de la galette noire, ni pour l’émotion, ni pour la musicalité,… mais bien parce qu’il y a de l’argent à faire !
Si vous voulez savoir d’où vient ce nouveau support du XXIème siècle, pas vraiment inédit, suivez le guide.


La petite histoire (condensée) du support du XXIème siècle.

Chapitre II : Il était une fois…
On doit le premier enregistrement sonore à Edouard Léon Scott de MARTINVILLE qui a présenté son Phonautograph en 1857.


Les enregistrements sur noir de fumée qui ont été retrouvés par la suite datent de 1860.
Une récente prouesse scientifique a permis de décoder le contenu de l'une de ces "Phonautographies" que l'on doit à Edouard Léon Scott de MARTINVILLE et il s'agissait d'un extrait de 10s de "Au Clair de la Lune".
A l’époque, il n’y avait malheureusement aucun moyen de relire ces enregistrements.
Courant 1877 Charles CROS fait la présentation de son Paléophone à l’institut.
Fin 1877 Thomas Edison dépose le brevet du Phonographe.


photo extraite du brevet déposé par EDISON

Le phonographe des débuts était de piètre qualité et avait beaucoup de chemin à faire avant de conquérir le marché.
Il n’y avait pas de moteur et l’entrainement se faisait par une manivelle directe, l’utilisateur devait tourner la manivelle qui entrainait le cylindre.


En conséquence la vitesse n’était pas stable et assez éloignée de la vitesse originale à laquelle avait été enregistré le Cylindre. La faible puissance de l’appareil obligeait l’auditeur à coller son oreille sur le cornet de reproduction.

En 1880 Graham BELL apporta des améliorations notoires mais ça n’a pas suffi à transformer le phonographe en succès commercial du jour au lendemain.

La route fut longue avant que les phonographes se voient utilisés en environnement domestique pour reproduire de la musique.
Quand le phonographe révisé avec cylindre de cire commença à faire des adeptes, la question de la duplication des enregistrements devint problématique.
Le cylindre se heurtait au problème majeur de la duplication en quantité.


Chapitre III : Le disque à plat.

Fin 1887 Emile BERLINER dépose le brevet du disque à plat avec sillon en spirale et gravure latérale.
C’était la naissance du Gramophone.
Comme le phonographe, la première version du gramophone était totalement manuelle et il fallait tourner la manivelle qui entrainait le disque en direct.
Quelques fussent les qualités et les défauts du procédé, la grande supériorité de l’invention de BERLINER était de permettre une duplication aisée par “impression”, ou pressage de l’empreinte en relief du disque dans de la gomme-laque par l’intermédiaire de la galvanoplastie.
Emile BERLINER déposera son brevet de reproduction par galvanoplastie en 1893.

Columbia Phonograph Company.

La Columbia, la plus ancienne maison de disques de l’histoire du phonographe, a été fondée en janvier 1889 par Edward D. EASTON à Washington.
Basée dans le district de Columbia son fondateur lui donne le nom de Columbia Phonograph Company.
La société distribue des phonographes Thomas EDISON ainsi que des cylindres et d’autres produits phonographiques dans l’état de Washington.

En 1894 la collaboration avec EDISON prend fin et la Columbia réalise alors ses propres enregistrements originaux sur cylindre.
Par la suite, la Columbia abandonnera le cylindre et adoptera le disque plat BERLINER à gravure latérale.
En 1901 il y avait 2 maisons de disques aux Etats Unis : Columbia et Victor.

Jusqu’en 1912 la Columbia ne fabrique ni ne revend de matériel et se consacre exclusivement aux disques.



United States Gramophone Company

En 1894 BERLINER fonde, avec quelques amis, une société : la United States Gramophone Company qui a pour vocation de gérer les brevets du Gramophone.
Puis, en 1895, BERLINER crée la BERLINER Gramophone Company à Philadelphie pour commercialiser le gramophone.

Le berceau de l’activité de BERLINER aux Etats Unis se trouve principalement à Philadelphie.
Son sous-traitant, la Consolidated Talking Machine d’Eldridge JOHNSON étant située à Camden dans le New Jersey, juste de l’autre côté du fleuve Delaware.
Pour défendre ses intérêts à New York, BERLINER ouvre un bureau sur place et s’appuie sur la National Gramophone Company de Frank SEAMAN qui va très rapidement lui jouer un mauvais tour.

Consolidated Talking Machine
Le gramophone est, à cette époque, un appareil de piètre qualité, il faut bien le dire.
Il est urgent d’améliorer d’une part la qualité sonore et d’autre part la qualité de la rotation du plateau qui, tributaire d’une manivelle à entrainement direct, est loin d’être stable et constante en vitesse.

La BERLINER Gramophone Company confie à Eldridge JOHNSON, un ingénieur de talent du New Jersey qui a un don pour la mécanique, l’étude d’un système d’entrainement fiable et régulier. A cette époque les moteurs électrique étaient très coûteux, bruyants et peu adaptés à l’entraînement d’un disque phonographique.

Eldridge JOHNSON s’attelle au problème de la motorisation des gramophones et fait breveter en mars 1898 un mécanisme concernant la mise en rotation d’un gramophone par un moteur à ressort équipé d’un régulateur à boules.

Le grand mérite d’Eldridge JOHNSON a été de créer un moteur peu onéreux mais de bonne qualité capable d’assurer une rotation stable du plateau tourne disque pour au moins la durée d’une face complète.

Extrait du brevet 601.198 de motorisation pour gramophone
Eldridge R. JOHNSON - 1898 - Photo : archives RCA – Westrex

La Consolidated Talking Machine, compagnie d’Eldridge JOHNSON basée à Camden sur les rives du fleuve Delaware dans le New Jersey, fabrique alors des moteurs de gramophone pour BERLINER ainsi que sa propre gamme de gramophone.

D’un jouet à manivelle JOHNSON a transformé le gramophone en une véritable machine de lecture de disque.
Une coopération démarre entre BERLINER et JOHNSON.

La qualité sonore étant vraiment perfectible, Eldridge JOHNSON va s’attacher à améliorer le processus d’enregistrement et de duplication mis au point par BERLINER.

Immeuble de la Consolidated Talking Machine à Camden
Photo : archives RCA – Westrex


Contrairement à BERLINER, EDISON et TAINTER, Eldridge JOHNSON n'était pas qu'un inventeur rêveur, c'était un homme d'affaire, un manager et un visionnaire.

Il a réussi là où les autres ont échoué.

Une grande partie du succès et de la réussite du gramophone lui est totalement imputable.


Eldridge JOHNSON en 1903
Photo : archives RCA – Westrex


Nous améliorons tous les jours ce que nous faisons – telle était la devise de JOHNSON.


Le pour et le contre.
La lutte entre le cylindre et le disque à plat n’était pas gagnée d’avance.
En effet, les premiers disques d’Emile BERLINER n’étaient pas très fidèles et étaient affligés d’un important bruit de fond.
De l’autre côté, il y avait le cylindre qui ne pouvait pas être reproduit aisément en masse, ce qui était rédhibitoire pour son essor.
Quelques furent les critiques, et il y en eut beaucoup, les utilisateurs ont plébiscité le gramophone et le disque à plat de BERLINER.
C’était la fin annoncée du phonographe à cylindre.
Déjà à l’époque, les mauvais perdants du rouleau prédisaient aux auditeurs de sérieuses surprises concernant la qualité sonore du disque à plat due à la rotation constante produisant de ce fait un ralentissement de vitesse linéaire entre le début et la fin d’une face.

Chapitre IV : La voix de son Maitre.
Vers 1897, Emile BERLINER a envoyé au Royaume Uni William B. OWEN, un de ses collaborateurs de citoyenneté américaine, dans le but de créer une société anglaise.
OWEN s’active sur place à Londres et en 1898, la Gramophone Company Ltd (UK) voit le jour.
En 1899 OWEN achète au peintre londonien Francis BARRAUD une toile qui va devenir célèbre : “His Master’s Voice” - le chien Nipper en arrêt devant un pavillon de gramophone.

Cette peinture qui deviendra emblématique, a été réalisée en 1898 par Francis BARRAUD qui avait “hérité” du chien Nipper à la mort de son frère Marc, comédien.
Francis avait remarqué que lorsqu’il lisait sur son phonographe des cylindres enregistrés par son frère, le chien écoutait attentivement “la voix de son maitre” défunt.
Le tableau fut peint, d’après photo, après la mort du chien qui intervint en 1895. Le tableau original de BARRAUD représentait le chien Nipper écoutant un phonographe à cylindre.
Fier de sa toile, il alla voir le représentant de la compagnie Edison pour la lui présenter, mais le représentant de la compagnie, décrétant que les chiens n’écoutent pas les phonographes, n’est pas intéressé !



William B. OWEN est lui en revanche très intéressé par la toile de BARRAUD et propose de lui acheter son tableau 100 livres s’il remplace le phonographe à cylindre par un gramophone BERLINER, ce qui fut fait en 1900.
Le logo “His Master’s Voice” “la voix de son maitre” venait de voir le jour et il allait connaitre une renommée mondiale.
BERLINER de passage à Londres en juillet 1900 remarque la toile dans le bureau d’OWEN et en acquiert les droits pour les Etats Unis.


En 1900, aux Etats Unis, suite à une bataille juridique, BERLINER perd l’exploitation de certains de ses brevets et sa compagnie, la Gramophone Company, se voit frapper d’interdiction de fabriquer des disques aux Etats Unis.
Face à cette situation,BERLINER s'installe à Montreal au Canada.


Eldridge JOHNSON lui aussi concerné au premier chef, en tant que fabricant de gramophones, par la lutte des brevets, obtient en 1901 l’autorisation de réaliser des disques aux Etats Unis. C’est une importante victoire quand on sait que BERLINER, lui-même, avait perdu ses brevets dans cette bagarre.


disque VICTOR de 1901 et disque VICTOR de 1902 avec le chien NIPPER

Pour marquer ce nouveau départ Eldridge JOHNSON restructure sa compagnie et la nomme, avec la bénédiction de BERLINER “Victor Talking Machne”, Victor pour Victory ou Victoire
(Il y a d’autres explications pour VICTOR, mais c’est bien celle-là qui semble la plus véridique)

En 1901 aux Etats Unis il y avait 2 fabricants de disques : Columbia et Victor.

Le rapprochement entre BERLINER et JOHNSON s’intensifie et c’est ainsi qu’en 1902 la VICTOR utilise pour la première fois le logo “His Master’s Voice” et le chien Nipper acquis par BERLINER l’année précédente pour le marché US.

Chapitre V : Le pugilat.
La fin de cette dernière décennie du dix-neuvième siècle aura vu la conquête de la reproduction sonore se transformer en bagarre de chiffonniers autour des brevets, ce qui coûtera beaucoup d’argent à tout le monde et ne fera qu’enrichir les avocats.
BERLINER est mis en difficulté à l’intérieur même de sa société entre autre par son directeur commercial SEEMAN qui, doté d’un égo surdimensionné, veut s’attribuer la réussite du procédé allant jusqu’à faire interdire à la société de BERLINER la fabrication de disques.


Eldridge JOHNSON qui était intéressé au premier chef, obtient l’autorisation de fabriquer des disques et prendra une part active dans la négociation qui aboutira à la fin des procès et contribuera à une juste répartition des brevets et de leur exploitation.
C’est ainsi que la Talking Machine devient Victor Talking Machine !
Installée à Camden, New Jersey, sur les bords du fleuve Delaware, la Victor Talking Machine devint vite une grosse entreprise profitable avec une identité propre bien connue et reconnaissable entre toutes grâce à son chien Nipper tendant l’oreille vers un pavillon et son logo “His Master’s Voice”.


La Victor Talking Machine sera l’un des plus gros fabricants de phonographe au monde. Jamais à cours d’idée, les différents modèles s’enchainent :
Version meuble, version à pavillon replié, version collectivité, etc.




Chapitre VI : La contribution d’Eldridge JOHNSON.


Consolidated Talking Machine - Camden -NJ
Photo : archives RCA – Westrex

Eldridge JOHNSON est, à tort, moins connu que d’autres illustres inventeurs mais c’est bien lui qui a œuvré à améliorer considérablement le procédé de BERLINER, tant en matière de gravure que de duplication.
Indépendamment de fabriquer des moteurs et des gramophones pour BERLINER il fabrique ses propres gramophones : la gamme VICTROLA qui connait un grand succès.
Il s’investit pleinement dans l’amélioration du procédé de fabrication des disques qui aboutit en 1899 aux matrices métalliques de pressage obtenues par galvanoplastie.
Le procédé original de BERLINER faisait appel à un disque en zinc recouvert de cire. L’enregistrement étant latéral, le stylet gravait dans la cire des sinuosités qui atteignaient la surface de zinc. Un passage en bain d’acide creusait le zinc aux endroits gravés, le reste de la surface étant protégée par la cire.
Le disque de zinc était alors enduit d’une couche de cuivre, puis le zinc était à son tour dissout pour ne conserver que le disque de cuivre en relief qui permettait d’imprimer des copies.
Le majeur problème de ce procédé était de détruire l’enregistrement original, et une fois le disque de cuivre (stamper) érodé par les pressages successifs, il ne restait rien. L’autre problème était le bruit de fond important dû à l’érosion par l’acide du contenu du sillon.


1917 – Auditorium du Victor building N°2 ......................................... 1918 – Victor - Camden Trinity Church - studio
Photo : archives RCA – Westrex

Pour améliorer ce procédé, Eldridge JOHNSON commença par enduire les disques vierges de cire afin de pouvoir graver aisément et avec suffisamment de précision le message sonore. Ensuite il saupoudrait le disque de fines particules métalliques afin de le rendre conducteur et de pouvoir utiliser la galvanoplastie pour la suite des opérations.
Après démoulage de l’empreinte (en relief de l’enregistrement) elle était renforcée par apport de métal afin d’être suffisamment robuste pour imprimer ses sillons dans de la gomme laque par pressage.
Ces disques étaient composés d’une âme sur la quelle était déposée la gomme laque qui recevait l’empreinte du disque.
Fin des années 30, les disques de gravure en cire furent remplacés par des disques en acétate qui se gravaient tout aussi bien, étaient plus précis et plus robuste.

Avant 1900 les disques disponibles étaient de 7 pouces de diamètre. En 1900 sont apparus les disques de 10 pouces de diamètre et en 1901 ce fut le tour des disques de 12 pouces.

En 1900, la galvanoplastie est une invention déjà centenaire qui a été inventée par l’Italien BRUGNATELLI en 1805.
Essentiellement utilisée par les orfèvres et les joailliers afin de déposer un placage d’Or ou d’Argent sur des pièces de bijouterie, cette invention, en permettant de réaliser des copies en relief de la gravure originale, fournit la réponse à la duplication en masse des disques à plat.
Plus tard la galvanoplastie apportera également sa contribution à l’industrie automobile avec le revêtement chrome des pare-chocs.

BRUNSWICK
Le groupe de produits de loisir BRUNSWICK Corporation, fabricant entre autre des pianos mécaniques, se tourne vers la fabrication de phonographes et fonde en 1916 la BRUNSWICK Records.
Les phonographes BRUNSWICK, de bonne facture, trouvent rapidement leur place sur le marché.
Par la suite, une division de production de disques est créée pour alimenter les phonographes.
Suite à un accord avec PATHE Frères aux Etats Unis BRUNSWICK Records optera pour la gravure verticale. C’est l’époque BRUNSWICK PATHEPHONE AND PATHE RECORDS.
La gravure verticale ne fait pas recette et en 1918, BRUNSWICK Records laisse tomber l’accord avec PATHE et abandonne la gravure verticale pour se rallier à la gravure latérale.

Fort de son expérience en gravure verticale, BRUNSWICK met alors sur le marché le gramophone ULTONA qui est capable de lire indifféremment des disques à gravure verticale ainsi que les disques à gravure latérale.


Les disques BRUNSWICK à gravure latérale sont lancés sur le marché en 1920 et connaissent un développement rapide hissant la société au troisième rang de la production de disques aux Etats Unis à côté de VICTOR et de COLUMBIA.
L’industrie du disque se développe et en 1923 BRUNSWICK Records installe dans le Michigan une usine d’une superficie de l’ordre de 10 000 m² capable de produire quelques 200 000 disques quotidiennement.

A la demande des auditeurs, BRUNSWICK crée en 1926 un nouveau département baptisé “Race Records” accueillant des artistes de race noire et promotionnant de nouveaux rythmes dont le Jazz.
La direction de ce nouveau département est confiée à Jack KAPP qui, loin d’être un débutant, est reconnu comme un bon professionnel du disque. A l’initiative de J. KAPP le département disques prend de l’ampleur et connait le succès grâce à des artistes comme Bing CROSBY et Al JOLSON, notamment.
Après 5 années de bons et loyaux services, J. KAPP, alors chef de l’ensemble Brunswick Recording Laboratories, quittera BRUNSWICK Records en 1931, pour fonder la DECCA Records US, emmenant avec lui Bing CROSBY qui connait alors un grand succès.

Chapitre VII : La contribution de l’électricité dans la fabrication des disques.

Jusqu’en 1925, la gravure restera mécanique, les musiciens et chanteurs s’exécutant devant un grand pavillon qui guidait le son vers une membrane actionnant un stylet qui gravait la cire. L’intervention de l’électricité dans le processus d’enregistrement va tout changer en permettant d’accéder à une qualité nettement supérieure.


Audion de Lee de FOREST

En 1907 Lee de FOREST, en modifiant la diode de FLEMMING découverte 3 années auparavant, invente l’Audion qui n’est rien d’autre que la triode.
Cette découverte est un pas majeur vers l’amplification électrique même si au départ l’utilisation ne semblait pas évidente et que l’on ne savait pas bien comment tout ça “marchait”. Il faudra un certain nombre d’années et de nombreuses contributions dont celle d’ARMSTRONG et de la Western Electric pour que la triode puisse enfin amplifier des signaux électriques et jouer un rôle essentiel dans l’enregistrement et la reproduction sonore.
L’idée d’utiliser des outils électriques pour l’enregistrement avait déjà germé chez certains chercheurs inventifs, mais faute de moyens on en était resté là.
Avant le microphone et l’amplification électrique le processus d’enregistrement du son était totalement mécanique.


A partir de 1920 la Western Electric Company, département audio des laboratoires Bell (AT&T), réfléchit à un procédé d’enregistrement et gravure de meilleure qualité que ce qui existe en utilisant un microphone, l’amplification électrique et la gravure électromagnétique.


C’était une révolution par rapport à l’enregistrement acoustique par cornet qui se pratiquait alors. On gagne en bruit de fond, en linéarité et la bande passante s’étend jusqu’à 5 / 6 KHz alors que le procédé acoustique ne dépassait pas 2,5 KHz.


Réponse en fréquence du procédé électrique Western
Photo : archives Westrex

Après plusieurs années de recherche, la Bell présente officiellement ses travaux aux 2 maisons de disques d’alors et envoie à Victor Talking Machine et à Columbia plusieurs faces de cire gravées avec le procédé Western Electric du concert de la Victor, diffusé à la radio le 15 janvier 1925,


1925 - enregistrement électrique d'un concert
Photo : archives RCA – Westrex

AT&T était propriétaire de réseaux radio, et c’est en enregistrant les concerts diffusés par ses radios que la Bell avait pu mettre au point et tester en grandeur réelle son équipement de gravure électrique.
Il semblerait que le plus ancien enregistrement électrique de cette époque soit l’ouverture de Coriolan donnée en concert le 17 décembre 1923 par le new York Philarmonic.


Session de gravure électrique
Photo : archives RCA – Westrex

Western Electric décide de ne pas vendre son procédé de gravure de disque, mais de le louer aux maisons de disques avec une mise de fond de départ et de compléter la recette par des royalties sur chaque disque fabriqué.
C’était un système qui revenait fort cher, or les maisons de disques ne se portaient pas très bien.


Session d’enregistrement acoustique ….. Session d’enregistrement électrique
1925 – Studio 1 – 7eme étage du Victor building N° 15
Photo : archives RCA – Westrex


A partir des années 20, la radio, qui diffuse gratuitement de la musique, porte un rude coup aux éditeurs de disques. La Columbia est la première à en faire les frais et se retrouve en situation de quasi faillite en 1924. Elle sera sauvée in extremis par son ex-filiale anglaise.
La Victor Talking Machine, mieux gérée par Eldridge JOHNSON que la Columbia, s’en sort mieux mais l’année 1924 avait été particulièrement mauvaise pour la Victor du fait de la concurrence des radios et pour cette raison hésitait à se lancer dans cette opération coûteuse de gravure électrique. La mise de fond de départ, hors royalties, correspondait au double des gains engrangés durant l’année entière.
Le premier utilisateur de ce procédé de gravure électrique fut la Columbia en avril 1925 suivi un mois plus tard, en mai, par la Victor Talking Machine.


Voici très certainement le premier enregistrement électrique de VICTOR réalisé en février 1925 pendant la période de test avant la signature du contrat.

La Columbia baptisait son procédé d’enregistrement électrique du nom de “Viva-tonal” alors que Victor Talking Machine donnait le nom de “Victor Orthophonic” à ses enregistrements électriques.
Suivant la marque un plus ou moins discret VE ou EP (Electric Process) apparaissait sur l’étiquette des disques à gravure électrique.

A noter que tous les efforts de la fin des années 20 étaient focalisés sur l’enregistrement et la fabrication des disques : Utilisation de microphone, amplification et gravure électrique alors que la reproduction, pour sa part, restait purement mécanique.

Le rachat de Victor Talking Machine par RCA
En 1929, la Victor Talking Machine est finalement rachetée par la filiale disque de RCA “Radio Electric Corporation of America” elle-même filiale de Général Electric.


A cette époque la Victor Talking Machine Company était le plus grand fabricant de gramophones et d'enregistrements pour gramophones.
A l’issue de la tractation, la société devient RCA Victor et hérite du même coup du chien Nipper et du slogan “His Master’s Voice” mondialement connu.


RCA VICTOR continue à éditer des disques sous le label VICTOR Record jusqu’en 1946, date à laquelle apparait le nom de RCA VICTOR sur les disques.


Le site historique de Camden tel qu'il apparaissait en 2009

CAPITOL Records
Le label CAPITOL Records est créé en 1942, par le compositeur MERCER aux Etats-Unis.
CAPITOL fut le premier label basé sur la côte ouest des Etats-Unis.
Ses principaux concurrents de l’époque, RCA-Victor, Columbia et Decca, avaient leur siège à New York.
Avec une croissance rapide, CAPITOL s’est hissé dès le départ au sixième rang des producteurs de disques avec 42 millions de disques vendus.
Dans les années 50, après une dizaine d'années d’existence, CAPITOL était déjà une grosse société axée sur la musique populaire.
Au milieu des années 50, RCA résilie son contrat de distribution qui le liait à EMI pour signer avec DECCA record Ltd.
EMI prend alors le contrôle de CAPITOL Records qui devient par la même occasion son distributeur pour les amériques et installe le siège social de CAPITOL à Los Angeles sur Hollywood Boulevard.

Chapitre VIII : Le sort du disque en Europe.

PATHE Frères
En France, les frères PATHE fondent la société qui porte leur nom en 1896.
Après avoir distribué quelque temps des phonographes la société s’installe à Belleville pour fabriquer ses propres graphophones sous la marque « Le Coq ».
Belleville s’avérant trop exigu la société Pathé Freres se délocalise à Chatou dont le nom sera associé à l’industrie phonographique en France pendant des décennies.
En 1906 Pathé Frères se met au gramophone avec un disque à gravure verticale. Et en 1908 ils lancent les disques « à saphir » Pathé double face de 28 cm de diamètre qui, contrairement aux disques à gravure latérale ne sont pas lus par des aiguilles d’acier, mais par des pointes saphir.
Finalement, le disque à gravure latérale s'impose.
Pathé abandonne la gravure verticale en 1920.

Gramophone Company Ltd
BERLINER par l’intermédiaire de William B. OWEN avait créé à Londres la Gramophone Company Ltd - UK (The Gramophone Co. Ltd.) en 1898.
Les pressages de la Gramophone Company Ltd UK sont réalisés en Allemagne à la maison mère des industries BERLINER de Hanovre.
Les choses fonctionnant bien en Angleterre, l’usine de pressage de Hayes dans le Middlesex voit le jour en 1907.


Le site de HAYES en 1925
Photo Archives EMI

Deutsche Grammophon
En décembre 1898, Emile BERLINER fonde la Deutsche Grammophon Geselschaft à Hanovre, ainsi que la première usine de pressage en Europe.
La Deutsche Grammophon Geselschaft est reprise par Siemens en 1941.


En 1962 le regroupement de l’activité disque de Siemens avec celle de Philips donne naissance au groupe DGG/PPI (PPI – Philips Phonograph Industrie) qui deviendra Polygram en 1971.
La DGG c’est le fonds de commerce de KARAJAN. Il y a travaillé dans la période 1941 – 1945 pour y revenir en force en 1959.
KARAJAN aura signé près de 350 disques sous label DGG.

British Columbia Graphophone Company Ltd
Louis STERLING, citoyen américain œuvrant dans le domaine du phonographe, s’était quant à lui installé en Angleterre en 1904 et avait créé sa propre compagnie : La STERLING Record Company.
En 1909, on retrouve Louis STERLING Directeur Commercial de la British Columbia, récente filiale de la Columbia Phonograph Company (US), qui deviendra en 1917 la British Columbia Graphophone Company Ltd.

En 1922 Louis STERLING, appuyé par quelques partenaires financiers, rachète pour son compte la société anglaise British Columbia Graphophone Company Ltd. à la maison mère américaine qui connaissait alors de graves difficultés.
La British Columbia se porte bien alors que la Columbia U.S. va de mal en pis.

Louis STERLING (1914)
Photo : archives RCA – Westrex


Fin 1924, STERLING, qui a eu l’occasion d’entendre les gravures électriques de la Bell avec le procédé Western Electric, est prêt à passer à la gravure électrique.


Il se heurte à un refus, Western refuse la mise à disposition de son procédé à des sociétés en dehors des Etats Unis. Les négociations qu’il mène depuis l’Angleterre échouent.
Pour pouvoir accéder au procédé de gravure électrique Western il organise alors le rachat de la Columbia Graphophone Company U.S. qui est au bord du trou. Puis il se rend en personne à New York en février 1925 pour finaliser le contrat de gravure électrique.
L’ancienne maison mère américaine était devenue filiale de son ex-fille la British Columbia.
Plus rien ne s’opposait à ce que STERLING puisse finaliser l’agrément avec Western qui interviendra fin avril 1925 un mois avant Victor qui signera en mai 1925.

En 1929 en Angleterre il y avait la Gramophone Company UK alors filiale de RCA Victor USA et la Columbia Graphophone Company UK, compagnie anglaise à part entière qui avait pour filiale la Columbia US.


En 1931, la Gramophone Company UK et Columbia Graphophone Company UK fusionnent pour fonder Electric and Musical Industries Ltd (EMI).

DECCA Records Company

DECCA Records Company a été créée en 1929 à Londres par Edward Roberts LEWIS qui pensait que la fabrication de disques était une activité autrement plus rentable que celle de fabriquer du matériel.
DECCA fut un très grand label qui aimait à se faire appeler "The Supreme Record Company".
Indépendamment de ses propres disques, DECCA assure la distribution en Grande Bretagne de la société américaine BRUNSWICK Records.


En août 1934 Edward LEWIS créera DECCA US avec le trium virat KAPP, STEVENS & RACKMIL tous trois travaillant chez BRUNSWICK.
Le premier titre américain de DECCA Records Inc. Fut un disque de Bing CROSBY débauché de BRUNSWICK par KAPP.
Avec un merchandising approprié, un savoir-faire dans le monde du disque et un réseau de connaissances tant dans les radios que dans la distribution, DECCA US devint rapidement profitable.

En 1939 lorsque l’Angleterre entra en guerre, LEWIS revendit toutes ses participations dans DECCA Records Inc. (US) qui devint une compagnie autonome, indépendante de DECCA UK.


Participant à l’effort de guerre, la société DECCA travaille avec la marine de sa Majesté dans la reconnaissance sonore des sous-marins. De manière à restituer les infimes différences des signatures sonores, la bande passante de 5KHz était insuffisante.


L’équipe technique de DECCA améliorera le procédé de manière à approcher les 10KHz de bande passante et réduit le bruit de fond en appliquant une préaccentuation dans l’aigu.

Le procédé mis au point sera commercialisé après la guerre sous le nom F.F.R.R. (Full Frequency Range Reproduction)

Après la guerre, en 1948, du fait de l’indépendance de DECCA Records Inc. Aux Etats Unis, Edward LEWIS montera la société LONDON, sur le sol américain, pour représenter DECCA UK.


La contribution d’Alan Dower BLUMLEIN
Alan BLUMLEIN, ingénieur anglais né en 1903, travailla de 1924 à 1929 à la “International Western Electric” en Angleterre et durant ces 5 années il déposa plusieurs brevets et écrivit des articles pour la revue Wireless World.
Il quitta la Bell en 1929 pour entrer à la Columbia Graphophone Company (UK) avec pour mission de développer un banc de gravure.
En effet, Louis STERLING avait bien signé le protocole Western Electric en 1925 mais souhaitait s’affranchir le plus rapidement possible de ce fardeau.
BLUMLEIN se mit au travail et développa un banc de gravure alternatif qui permettait à la Columbia de s’affranchir du coûteux procédé Western.


Contrairement au procédé Western, le procédé BLUMLEIN faisait appel à une tête de gravure à bobine mobile et pilotait le burin graveur par une sorte de galvanomètre à cadre mobile comme dans les appareils de mesure. Ce procédé de gravure s’avèrera supérieur en qualité au système Western et fera l’objet de plusieurs brevets.
La Columbia abandonnera le système Western au profit du système de gravure BLUMLEIN développé en interne dès 1932.


En 1931, BLUMLEIN, dont le laboratoire d’étude dans lequel il travaillait a été rattaché à EMI, jette les bases de la stéréophonie et dépose le brevet 394 325 assorti de pas moins de 70 revendications qui sera validé en juin 1933. Ce brevet décrit notamment la gravure de 2 informations à 90° sur un sillon unique en ajoutant une composante verticale, comme le pratiquait Edison, à la composante horizontale des disques comme le faisait BERLINER. Il donne également une description complète de la tête de gravure correspondante. BLUMLEIN développe aussi son idée sur le matriçage des signaux en somme et différence par transfo, et crée le couple stéréo, etc.


BLUMLEIN enregistre le tout premier disque stéréo en 1934. C’est la symphonie Jupiter de Mozart enregistrée à Abbey road suivant sa technique verticale/horizontale. A cette époque, les recherches sur la stéréophonie ne seront pas poursuivies car EMI avait d’autres priorités et voulait notamment se pencher sur un nouveau media : la Télévision.
A 39 ans, en 1942 lors d’essais radar embarqués, son avion est abattu par l’ennemi.

Chapitre IX : Le Microsillon.
Vers 1945, quelques chercheurs mettent au point un disque de 30 cm comportant un sillon plus fin et tournant à 33 tours.
Du fait de la gravure plus fine et de la vitesse de rotation plus lente, ce type de disque ne peut être lu qu’avec un équipement de reproduction électrique.
Au départ, ce premier 33 tours n’est pas bien meilleur qu’un 78 tours.
La durée enregistrée est de l’ordre de 6 à 8 minutes par face, soit à peu près le double d’un 78 tours.
Insuffisant pour renverser le 78 tours !

A partir de 1946, Columbia travaille à allonger la plage de musique enregistrée sur les disques 33 tours et met au point le microsillon LP (Long Play) qui permet d’enregistrer 25 minutes par face. Cette prouesse est due au “pas variable”.
Le procédé "microsillon" sera commercialisé à partir de 1948 et permettra enfin de graver une symphonie complète sur un seul disque.
Si la musique est faible les sillons peu modulés sont proches les uns des autres alors que dans le cas d’un forte, on espace les sillons afin de respecter la modulation.
Un son grave présente plus d’énergie qu’un son aigu. L’ampleur de la vibration du sillon gravé sur le disque dépend donc également de la hauteur des sons.
Pour éviter que le sillon ne soit trop modulé et ne prenne trop de place, il suffit de réduire le volume des sons graves. De même, en augmentant le volume des sons aigus, on constate une amélioration du bruit de fond.
C’est la préaccentuation.
Bien entendu pour retrouver le message musical original il faut appliquer la correction inverse à la lecture, sous peine de ne pas retrouver ce qui a été enregistré.
Malheureusement, à cette époque chacun y allait de sa courbe de préaccentuation propriétaire et il était impossible de lire les disques dans de bonnes conditions.
La jungle des préaccentuations durera encore quelques années et il faudra attendre 1954 pour que l'industrie s'accorde sur une correction unique : la courbe RIAA.
La correction RIAA est toujours en vigueur de nos jours, à l'exception près d'une petite modification concernant la réponse dans les basses ajoutée en 1970.
Le premier à avoir pris conscience de ce problème de désaccentuation est Saul B. MARANTZ qui a développé le premier préampli multi courbes de l’histoire du disque au début des années 50.

En 1948 la CBS/COLUMBIA sort le microsillon : le vinyle LP/long Play à pas variable.
En France, c'est fin 1949 qu'un "petit éditeur", l'OISEAU LYRE, sort le premier microsillon européen avec la technique des laboratoires CHARLIN.
Le LP ou Longue Durée, c’est ce que Louise DYER de l’OISEAU LYRE. attendait depuis longtemps afin d’éviter de “charcuter” la musique symphonique.
La présentation officielle a lieu le 6 mars 1950 à la comédie des Champs Elysées.


Photo Collection Margarita HANSON

Suite de la Compétition RCA / COLUMBIA
RCA, qui ne croit pas au LP, tente de combler son retard médiatique en mettant l’année suivante sur le marché le 45 tours en 1949. Le 45 tours avec ses 3 à 4 minutes par face était le remplaçant direct du 78 tours. Par la suite, la version Extended Play offrant de l’ordre de 7 minutes par face deviendra un support plus orienté musique légère et outil de promotion en éditant des extraits d’œuvres classiques de disques 33 tours LP.
On trouvait des coffrets de 4 à 6 disques 45 tours permettant la diffusion d’œuvres intégrales, mais contrairement aux 78 tours qu’il fallait changer de face toutes le 3/4 minutes, les changeurs automatiques des tournes disques modernes des années 50 n’obligeaient plus le mélomane à se lever de son siège pour changer de face.
Par la suite, le 45 tours fut réservé à la musique dite populaire en version titre “single”.
En 1950, la RCA VICTOR perdant des parts de marché doit bien se rendre à l’évidence que le LP a le vent en poupe et se met alors au microsillon.
Durant les années 50, la compétition entre RCA VICTOR et la COLUMBIA s’intensifie.
RCA a sous contrat Arturo TOSCANINI et Léopold STOKOWSKI ainsi que des orchestres comme le “Symphony of the Air” (successeur de l’orchestre de la NBC) et le RCA Victor Symphony Orchestra qui regroupait des musiciens des orchestres de Philadelphie, New York et du Symphony of the Air et avait également sous contrat l’orchestre de Chicago et le Boston Symphony ainsi que le Boston Pop et l’emblématique Arthur FIEDLER.
Pour sa part COLUMBIA avait signé avec l’orchestre de Cleveland, le Philadelphia Orchestra et le New York Philarmonic, 3 orchestres prestigieux.

Chapitre X : La stéréophonie.
En 1953 RCA réalise ses premières expérimentations en stéréophonie.
Ces expérimentations aboutissent début 1954 au premier enregistrement stéréophonique commercial : La Damnation de Faust d’Hector Berlioz par le Boston Symphony Orchestra, sous la direction de Charles Münch.
A partir de cette année, les sessions de la RCA sont systématiquement enregistrées en mono et en stéréophonie. Pour la stéréophonie, un magnétophone RCA modèle RT 21 en ¼ de pouce défilant à 76 cm/s, était utilisé avec des microphones Neumann, des cardioïdes U-47 et des omnidirectionnels M-49/50. Par la suite le magnétophone fut remplacé par un Ampex ½ pouce 300-3.


Jusqu’en 1958 ces enregistrements stéréophoniques n’étaient publiés que sous forme d’enregistrements magnétiques stéréophonique pour magnétophones à bobines. Ce sont ces mêmes enregistrements qui apparurent en disque à partir de 1958 avec le logo "Living Stereo".


document ORTOFON

En 1957 RCA met fin à son contrat de collaboration avec EMI et signe avec DECCA. Pour faire face et conserver un pied aux Etats unis EMI achète CAPITOL qui devient son distributeur pour les Amériques.
Le procédé RCA “Dynagroove” de 1963 introduit le “calculateur” dans l’opération de gravure. Aujourd’hui on s’interroge encore et personne ne sait si ce fut une amélioration ou non.
Par la suite le chien Nipper disparut puis réapparut sur le centre des disques RCA Victor.
1973, c’est l’arrivée des disques Quadraphoniques 4 canaux. Le procédé CD-4 a été mis au point au Japon chez JVC (Japan Victor Company) c’est un système discret qui enregistre réellement 4 canaux sur un disque. La marque utilisée par RCA pour ce type de disque est : "Quadradisc". Dans le procédé CD-4, les canaux principaux droite et gauche sont normaux, les canaux arrière étant enregistrés sur une sous-porteuse à 30 KHz, ce qui impose des cellules capables de lire des fréquences aussi élevées que 50 KHz.
COLUMBIA sort pour sa part le système SQ qui contrairement au système discret du CD-4 est un procédé à matriçage.
Dans les 2 cas un décodeur spécial était nécessaire.



A partir des années 80, la concurrence du CD porte un coup très rude au vinyle et on restructure.
Une partie de chaises musicales s’instaure entre les différentes Majors participantes.
BERTELSMANN vend un morceau à RCA qui pour sa part est racheté par GENERAL ELECTRIC qui s’en débarrasse aussi vite en revendant le tout à BERTELSMANN qui devient alors BMG (BERTELSMANN MUSIC GROUP) qui relance le catalogue et la marque RCA et le label Living Stéréo… et ce n’est pas fini, mais nous en resterons là.





Laurie Bamber and Chick Fowler at Abbey Road – 1940
Photo : EMI archives


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