LE POINT SUR LA LECTURE DES DISQUES MONOPHONIQUES

On vous a menti et encore aujourd’hui, on vous ment !
Vous êtes discophile et je vous félicite.
En tant que discophile, vous possédez donc une discothèque, ciblée ou hétéroclite, de disques vinyle.
La stéréo datant de 1958, vous avez forcément en stock des disques monophoniques, soit par goût soit parce qu’ils n’ont jamais été réédités.


Si vous n’êtes pas satisfait par l’écoute de vos précieux disques monophoniques, il y a fort à parier que c’est un problème de matériel et que vous n’utilisez pas le matériel adéquat.
Ne vous débarrasser pas de vos trésors sur un coup de tête, il y a peu de raison de suspecter le disque vinyle lui-même.
Bien sûr il existe de mauvais disques mono comme il existe également de mauvais disques stéréo, et de mauvais disques en général… ni plus ni moins !


Le procédé de gravure stéréophonique est apparu vers 1956, mais avant 1958, il n’y avait pas de matériel susceptible de lire les disques stéréophoniques.
A partir de 1958, date de la mise sur le marché de matériel de lecture de disque stéréophonique, on vous ment !
Avant l’apparition de la stéréophonie, on vous a baladé avec des courbes propriétaires avant l’unification RIAA des courbes de gravure. C’est d’ailleurs à partir de cette constatation que Saul B. Marantz a créé sa propre gamme de matériel de reproduction.
Avec l’arrivée de la stéréophonie, on vous a menti, au début, plutôt par méconnaissance du phénomène que pour des raisons bassement commerciales, puis ce fut un mensonge par omission et enfin un “vrai mensonge” mercantile par appât du gain.

Quelle est la différence entre un disque monophonique et un disque stéréophonique ?
Au premier coup d’œil il n’y a pas beaucoup de différence.
Un disque stéréo, c’est un disque monophonique sur lequel on a rajouté un second canal dans le même sillon !
Pour obtenir de la stéréophonie il fallait en effet loger un deuxième canal d’information.


Le disque monophonique microsillon, long play ou longue durée, (Longue Durée comme Louise Dyer !) ne dispose que d’une seule information musicale qui est gravée latéralement.
Tout le problème consistait donc à introduire une seconde information musicale dans le même sillon.
La lecture monophonique ne prend en charge que le déplacement latéral de la pointe de lecture qui suit les “méandres” du sillon gravé sur le vinyle.
Un sillon, c’est comme une vallée, il y a 2 flancs, le flanc gauche et le flanc droit. Donc, si au lieu de n’utiliser que le déplacement latéral du “fond de la vallée”, on utilisait “ les 2 flancs du sillon, on pourrait alors graver deux ensembles d’informations différentes.
Sur un versant du sillon on graverait les informations relatives au canal de droite et sur l’autre versant, on graverait les informations relatives au canal de gauche.


En phase de lecture, il suffit de suivre simultanément les variations différentes de chacun des 2 flancs du sillon et le tour est joué !
C’est un simple problème de trigonométrie,... mais encore fallait-il penser combiner une composante verticale à la composante horizontale déjà existante.
Le rajout d’une composante verticale au système de gravure horizontal permettait d’enregistrer des informations sur les 2 flancs du sillon, à 45 degré.


Simple, … oui, mais peut-être pas si simple que ça car il a fallu un peu de temps pour que tout ça fonctionne.
Finalement en 1958 tout était rassemblé : les disques en gravure stéréophonique combinant l’axe latérale et l’axe verticale, les têtes de lecture susceptibles de lire les deux canaux combinés de l’information stéréophonique.
Pour le reste, du moins au début, il n’y avait pas encore beaucoup d’équipements dédiés à la stéréophonie, et donc deux équipements mono faisaient très bien l’affaire. Un équipement pour le canal de gauche et un second pour le canal de droite… il n’était pas absolument nécessaire que les équipements soient abrités sous le même toit ou dans la même “boite”.
Le démarrage de la stéréophonie ne s’est pas fait en un jour…


Au départ, les gens qui étaient satisfaits de leur équipement monophonique n’étaient pas forcément enclins à sauter le pas et à se lancer, tête baissée, dans l’expérience de la stéréophonie.
Pendant un certain temps, les disques ont donc été produits en mono et en stéréo.
De nombreux acheteurs étaient réticents car ils voulaient continuer à écouter leur discothèque.
On ne pouvait décemment pas leur dire que leur ancienne discothèque était bonne pour la poubelle.
Certains, pour leur part, considéraient la stéréophonie comme un gadget sans avenir… ceux-là se sont trompés.

Afin de ne pas décourager les potentiels acheteurs de chaine stéréophonique, il fallait leur assurer qu’ils pourraient toujours lire leurs “anciens” disques mono.

Je ne suis pas sûr qu’à l’époque on ait pris en compte les spécificités apportées par la lecture combinée de la composante horizontale – mono – et de la composante verticale apportant les informations bilatérales de la stéréophonie.
Bref, on vous prédisait que votre discothèque mono avait encore de beaux jours devant elle…
Effectivement, une tête de lecture stéréophonique est capable de lire un disque monophonique.
On vous disait même que l’équipement stéréophonique la transcenderait en apportant encore plus de “présence et de vérité”… là c’est faux…
mais peut être bien qu’à l’époque ils ne s’en sont pas tout à fait rendus compte ! Laissons-leur le privilège du doute.

Mais, ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, on sait !


document ORTOFON

Si vous lisez un disque mono avec une tête de lecture stéréophonique, toutes les données verticales indésirables provoqueront des artéfacts désagréables qui polluent le message sonore monophonique.
La solution, car il y en a une, c’est d’utiliser un véritable équipement de lecture monophonique avec une cellule monophonique qui ne lit que la composante horizontale, la seule présente dans la gravure des disques monophoniques.

Et voilà ! Et là, vos disques mono vont être transfigurés !
C’est d’une grande simplicité.
Si vous êtes un audiophiles disposant d’une sérieuse discothèque monophonique, il est grand temps de vous équiper d’une vraie cellule mono et de redécouvrir votre discothèque monophonique qui sera vraiment transfigurée pour de bon !
Au cas où une telle installation vous effraierait, et que vous ne préféreriez-vous débarrasser de vos disques monophoniques, soyez gentils, appelez-moi que je vienne vous délester de vos précieux vinyles monophoniques que vous n’avez pas su, ou pas voulu apprécier.
En matière de tête de lecture, il existe plusieurs technologies disponibles, mais les modèles ayant fait leurs preuves sont essentiellement les cellules à réluctance variable et les cellules à bobine mobile.
Les cellules à réluctance variable sont très bien adaptées à une lecture monophonique horizontale.
La cellule Pierre CLEMENT a encore de nombreux adeptes aujourd’hui et fait quotidiennement le bonheur de nombreux audiophiles.
Il existe également d’autres options intéressantes.
Plusieurs fabricants proposent de nos jours des cellules mono à aimant mobile. Il n’est donc pas nécessaire de faire son marché en produit vintage d’occasion.

Chez ORTOFON on peut trouver des cellules mono MC “moderne” qui fonctionnent bien, mais la bonne surprise est venue de chez AUDIOTECHNICA qui a mis sur le marché une cellule MC Mono, la AT 33 MONO, qui est un vraie réussite pour un budget extrêmement raisonnable.