LES ENREGISTREURS de STUDIO
Même si certains jeunes de la génération du numérique et du triste MP3, nés après 1980 n’en sont pas persuadés, je vous le dit, on a enregistré le son de manière analogique, sur de la bande magnétique, pendant des années,
disons au moins jusque dans les années 80/90.
Le passage au numérique ne s’est pas fait du jour au lendemain.
Même aujourd'hui, il y a encore des machines analogiques dans certains studio pourtant "tout numérique".
Si à partir de 1983 le grand public a vu une aubaine dans le CD, c’est pour tout un tas de raisons, mais certainement pas pour la musicalité. Au début les convertisseurs étaient de vrais horreurs et c’est la raison pour laquelle on considérait le son numérique comme “dur”. La dureté était due à des convertisseurs inadaptés et à la “dure” loi du marché, il fallait écouler les stocks de composants… même si ça ne correspondait pas aux besoins.
Il ne faut pas tout jeter en vrac, le numérique bien étudié avec une fréquence d'échantillonnage correcte et une profondeur de bits suffisante c'est très bien.
Pour en revenir à notre point de départ, on a travaillé en analogue avant de travailler en numérique.
Et comment faisait-on ? Eh bien, on prenait des précautions car le re-recording posait vite des problèmes de bruit de fond excessif. Les réducteurs de bruit ont permis certaines licences, mais il fallait tout de même être très prudent. Le gros avantage des multipistes, avant de permettre d’enregistrer des concerts avec un microphone par pupitre, ce qui est loin d'être la meilleure chose à faire, était de réduire considérablement le nombre de passages successifs en Re-Re. Quand on ne dispose que de 2 pistes, on n’a pas vraiment le choix, il faut réenregistrer ces 2 pistes avec la couche suivante, puis réenregistrer le résultat avec la couche d’après, etc. on peut ainsi facilement arriver à de nombreuses générations qui dégrade considérablement le rapport signal/bruit.
Pour d’autres applications nous avions la possibilité de préparer tous les éléments, magnéto, disque, etc. puis de tout lancer de front et enregistrer le résultat en un seul passage.
Le problème principal de cette méthode est qu’au moindre incident, et Dieu sait s'ils peuvent être nombreux et potentiellement fréquents, il faut tout recommencer depuis le début.
Quand on travaille sur des pubs de 30 secondes, ce n’est pas vraiment un problème.
Quand on travaille sur des programmes de 30 minutes à 1 heure, c’est beaucoup plus problématique.
L'ère des multipistes
Notre studio son est passé en multipistes dès 1974.
Ce n’était pas encore très courant en audiovisuel, mais c'était un progrès considérable.
Il n’était plus nécessaire de remonter au début en cas de problème de mixage.
Il suffisait de “droper” dans la modulation pour reprendre à l’endroit où nous en étions.
La place des éléments sur la bande ne pouvaient plus bouger.
Notre premier multipiste était une machine BRENELL 8 pistes 1 pouce et pour les travaux audiovisuels courants, c’était tout à fait confortable.
Le 8 pistes 1 pouce était un excellent format.
Les pistes étaient identiques en dimensions et performances à celles d’un magnétophone stéréo 2 pistes - 2 canaux.
Le rapport signal/bruit était tout à fait correct et on n'avait pas vraiment de problème avec cette machine somme toute assez rustique.
La difficulté principale du BRENELL était le drop-in, ou si vous préférez l’enregistrement à la volée.
Je me souviens avoir ajusté la constante de temps de l'effacement et de la prémagnétisation HF piste par piste afin de pouvoir droper sans bruit, ni "trou" n’importe où dans la modulation et sur n’importe quelle piste.
L'une de nos rubriques concernant les enregistreurs de studio est dédiée à : L'ère des multipistes
Mais avant d'aller plus avant dans la présentation de matériel d'enregistrement sonore multipistes, laissez-moi vous présenter un appareil assez original réalisé en 1969.
Il s'agit d'un enregistreur 4 pistes 4 canaux sur bande 1/4 de pouce que nous avions réalisé en 1969 pour un besoin particulier, et ce, bien avant l'arrivée du TEAC 3340 apparu en 1972 et qui a fait par la suite le bonheur de plusieurs générations de "sondiers".
Si le montage son vous intéresse, voyez à le sujet sur les Techniques de montage