PANORAMA des MAGNETOPHONES 2 PISTES de STUDIO

Les magnétophones de studio ont timidement démarré commercialement avec une piste unique monophonique toute fin des années 40 et ont remplacé peu à peu l'enregistrement sur disque.
Une dizaine d'années plus tard, vers la fin des années 50, le magnétophone standard était le modèle stéréo 2 pistes sur bande 1/4 de pouce.
Les radios, le cinéma et l'audiovisuel ont travaillé en 1/4 de pouce stéréo 2 pistes pendant des décennies.
Par la suite, et dès la fin des années 60 on a développé des machines analogues multipistes.

La naissance du magnétophone

Pour en revenir à notre affaire, on peut dater les premiers magnétophones vers 1935/36 en Allemagne qui est la patrie qui a engendré le magnétophone.

Le modèle AEG K1 - le premier "Magnétophon" - et un modèle armée de 1935/36

Au tout début de notre histoire, le magnétophone était totallement inconnu et n'intéressait pas grand monde.
Sa qualité était insuffisante et pourquoi vouloir changer un système qui fonctionnait plutôt bien ?
Les enregistrements étaient réalisés sur disques... et finalement ce n'était pas si mal et ça "marchait" plutòt bien.

Et le montage... ?
Et bien, le montage ne se pratiquait pas... parce que ce n'était pas possible.
Avez vous déjà tentez de raccorder un sillon de disque avec un autre ??? Quelle drôle d'idée !
Tout était en "Live".

Si on fait abstraction de la période militaire et propagande, on peut dater le lancement "commercial" du magnétophone aux années 1947/48.
1947 / 48, c'est la sortie, aux Etats Unis, des premières machines AMPEX.

Mais respectons le cours de l'histoire et commençons notre tour d'horizon par le continent qui a vu naître le magnétophone, en l'occurrence : l'Europe, et plus particulierement, l'Allemagne.

Le Magnétophone en Europe


Historiquement c'est l'Allemagne qui est le berceau du magnétophone.
Le Magnétophone en Allemagne.

Les premiers appareils ont été réalisés autour de 1935 / 1936 et utilisés à des fins militaires et de propagande.

AEG
Voici le modèle K1 de AEG qui fut l'un des tous premiers magnétophones.



En 1939 on en était au K4.

Ici un modèle de 1952:le modèle AW 2 et un modèle plus récent : le M 21.

Comme vous pouvez aisément le constater, tous les magnétophones se ressemblent, du plus ancien au plus moderne.

Au départ, la qualité insuffisante du magnétophone a fait que les medias sont restés aux enregistrements sur disques. Le magnétophone n'était utilisé qu'à des fins de propagande.
Il a fallu attendre la fin de la guerre pour que le "magnetophon" soit disséqué par les vainqueurs, traverse l'atlantique... et nous revienne revisité "made by AMPEX" aux Etats Unis en 1948/49 sous la forme du magnétophone que nous connaissons.
Ça c'est l'histoire de Jack MULLIN qui a été le premier américain à croire en ce produit et celui qui a rapporté, dans ses bagages, le premier magnétophone aux USA.
Mais en 1945, les Américains n'étaient pas les seuls, les Anglais aussi ont eu droit de palper et démonter une machine AEG, et dans la foulée EMI sortait son premier magnétophone en 1947.
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Très rapidement le magnétophone a transformé le monde de l'enregistrement et du show business et est devenu un succès commercial.

Dans le domaine professionnel, en Allemagne, on trouve les fabricants AEG, SIEMENS, STUDER, TELEFUNKEN,... et d'autres encore.

TELEFUNKEN
TELEFUNKEN est une société du début du XXeme siècle, qui a été créé par AEG et SIEMENS en 1903.
Au départ, AEG a été le premier constructeur de magnétophone.
TELEFUNKEN a rapidement suivi l'activité magnétophone de sa filiale en construisant ses propres modèles.
En 1960 TELEFUNKEN met sur le marché le M 24K.
Après la fusion de 1967 la société prendra le nom de AEG - TELEFUNKEN.


Le modèle M10 et le modèle M5

TELEFUNKEN M5

Vers le milieu des années 70 TELEFUNKEN sort un magnétophone très abouti, le M 15


TELEFUNKEN M15

GRUNDIG
L’entreprise GRUNDIG, du nom de son fondateur, est née en 1945 à Nuremberg.
Certes GRUNDIG n’a jamais fabriquer de matériel professionnel, mais c’est une marque qui a compté dans le développement et la popularité du magnétophone.
Au départ fabricant de radio, la société s’intéressa très tôt aux magnétophones et fabriqua son premier modèle grand public au début des années 1950.

Le tout premier magnétophone GRUNDIG, le modèle Reporter 500 L ayant été présenté en 1952.


En 1957, GRUNDIG ouvre une grande usine à Bayreuth exclusivement affectée à la fabrication des magnétophones.
En 1960 GRUNDIG à s’étendre et construit de nouvelles usines en Allemagne ainsi qu’une usine dédiée aux magnétophones à Belfast.
Courant 60, la télévision est un marché alors en plein essor et GRUNDIG fabrique des postes de télévision puis des magnétoscopes, sans pour autant abandonner le marché du magnétophone.




En 1967 GRUNDIG renforce sa position en ouvrant de nouvelles usines en Europe, au Portugal et en Italie.


GRUNDIG nous aura laissé une gamme pléthorique de magnétophones qui comprend un nombre impressionnant de références.
Aujourd’hui la société Grundig existe toujours et fabrique des téléviseurs, des projecteurs vidéo et des équipements HiFi.

STUDER
Willi STUDER est l'un des plus dignes représentants du magnétophone professionnel.
Il fut l'un des artisans infatigables des plus célèbres dans ce domaine.
Il a hissé le magnétophone tout en haut de l'échelle, tant dans le domaine professionnel que semi-professionnel.
Curieusement, fabriquer des magnétophones n'était pas la vocation première des établissements STUDER qui fabriquait alors des oscilloscopes spéciaux.
Cette vocation est venue plus tard suite à une commande d'un importateur de magnétophones américains qui avait confié à STUDER la conversion au sandard européen, des appareils importés des Etats Unis.
Après une campagne de modification sur des machines importées, STUDER a décidé de se lancer et de fabriquer ses propres magnétophones... et c'est comme ça que l'histoire a commencé.
En fait, il a eu une bonne idée !

En 1949 Willi STUDER fabrique son premier magnétophone : le DYNAVOX.
Une imposante machine en 2 coffrets.


En 1951, suite à des démélés concernant le dépot de marque, il est obligé d’abandonner le nom de DYNAVOX. Il crée alors la marque REVOX et fabrique la première machine d'une gamme dont le succès ne se démentira jamais, le REVOX T 26, à l'époque un appareil volumineux en 2 coffrets, qui sera suivi d'une machine plus "sexy" en un seul volume.


En 1952 lancement du premier magnétophone de la gamme professionnelle : le STUDER A 27.


Il sera suivi en 1955 par le A 37 et le B 37.
En 1956 le REVOX B 36, avec des têtes d’enregistrement et de lecture séparées, succède au modèle A 36.
En 1960 le D 36 est le premier REVOX stéréo. Il subira de nombreuses améliorations au cours de sa carrière pour s’achever avec le modèle G 36 à l’aube de 1967.


Toujours en 1960, en gamme professionnelle STUDER c’est le modèle C 37 qui entre en production et qui sera fabriqué à 1 000 exemplaires.


Le J 37 version 4 pistes demi-pouce voit le jour en 1964 et inaugure l’ère des multipistes. C’est ce modèle choisi ABBEY ROAD que les BEATLES utiliseront pour la réalisation de l’album “Sergeant Pepper”.


1965, sortie du premier magnétophone STUDER transistorisé : le A 62.
En 1967 c’est la sortie du REVOX A 77, le premier REVOX tout transistor, une réussite sans précédent.
En 1977 après 10 années d’une réussite exemplaire le REVOX A 77 est remplacé par le B 77 qui connaitra également une très belle carrière. Le B 77 sera produit jusqu’au début des années 1990.

L'année 1970 voit arriver sur le marché le STUDER A 80 qui sera adopté par de nombreux studios. Le A 80 sera décliné en multipistes également.

En 1973, après avoir testé son nouveau design en version semi-pro, le REVOX A 700, STUDER met sur le marché le B 67 modèle professionnel.


1978, Sortie des magnétophones de la gamme A 800 avec transport à microprocesseur.
En 1982 le B77 est décliné en version “professionnelle” : le PR 99.


1986, mise sur le marché d’une machine analogue universelle 2 piste ¼ de pouce, le Studer A807 et sortie du premier magnétophone digital le D 820 X.

1988 c’est la sortie de la série des REVOX C 270, ce seront les derniers magnétophones à bande de la gamme REVOX.
Ces magnétophones ont un petit air de famille avec le STUDER 807 mais la gamme offre des mahines 2, 4 et 8 pistes sur transport 1/4" et 1/2".


En 1990 la firme sort sa première console digitale D 920, Willi STUDER se retire et cède le groupe STUDER / REVOX à MOTOR COLUMBUS A.G.

En 1991 croissance externe dans le domaine du numérique avec l'acquisition de la marque française DIGITEC.
En 1994 STUDER rejoint le groupe HARMAN et se désolidarise de REVOX qui désormais mène sa propre vie de son côté.
Willi STUDER nous quittera le premier mars 1996.
Depuis 2016 STUDER fait partie du groupe SAMSUNG.


UHER
Les fabricants allemands de magnétophones HiFi grand public les plus connus sont sans conteste GRUNDIG et UHER, mais il y a eu de nombreux autres fabricants que nous ne pouvons pas citer ici.
Avec une mention particulière pour UHER qui a réussi le tour de force de mettre sur le marché des machines autonomes portables de qualité à des prix attractifs, à des années lumière de la concurrence professionnelle.


Avec la marque UHER nous sommes un peu en dehors de notre marché professionnel mais le succès incomparable du modèle Report mérite une mention spéciale, surtout que cet appareil a été utilisé par de nombreuses radios et de nombreux journalistes.
Il y a bien eu un Monsieur Edmond UHER, né en Autriche le 30 juin 1892 et décédé en France au Cap d’Antibes en 1989, qui a donné son nom à la célèbre marque de magnétophones allemands.
Spécialiste de la mécanique de précision et inventeur, Edmond UHER a déposé plusieurs brevets dans des domaines assez variés, dont la photocomposition, la motorisation, la micro mécanique, etc.
En 1944 le groupe UHER employait 6 000 personnes et avait des usines implantées en Allemagne, Autriche et Hongrie qui travaillaient pour l’industrie aéronautique.
En 1953 avec un financier munichois Edmond UHER créent la société UHER Werke à Munich avec à sa tête le baron Von HORNSTEIN.
Edmond UHER n’aura pas d’activité dans la société UHER Werke qui fabriquait des pièces mécaniques de précision.
Les affaires n’étaient pas florissantes, la micromécanique ne permettait pas de faire des profits.
Aussi en 1954, quand TELEFUNKEN est venu solliciter la société UHER dans le but de faire améliorer la mécanique de ses magnétophones, Von HORNSTEIN a accepté. Devant la complexité du problème, il a décidé de développer son propre modèle et c’est ainsi que la société UHER s’est lancée dans le magnétophone.
Il parait que c’est comme ça que l’histoire a commencé. Bruit de couloir ou histoire vraie ? Il y a peu de chance de connaitre aujourd’hui la vérité.
Je ne fais que rapporter ce que j’ai entendu.

Le premier magnétophone UHER sort en 1955, c’est le modèle 95.


En 1961 c’est la sortie du UHER Report 4000, un modèle portable autonome, qui devient rapidement un énorme succès.

A l’époque, les magnétophones portables qui fonctionnaient vraiment, n’étaient pas nombreux. La référence était alors le NAGRA, une machine professionnelle qui coutait fort cher.
UHER n’imaginait pas que son Report 4000 deviendrait un tel phénomène et est obligé de s’adapter.

Les clients toujours plus nombreux deviennent exigeants et demandent des améliorations si bien que la marque est obligée d’améliorer son modèle de base pour en faire un magnétophone portable HiFi avec déclinaison stéréo 2 et 4 pistes, le Report 4200 et le Reoprt 4400, qui seront vendus à 1 million d’exemplaires.
La production cessera en 1989.

Devant le succès du modèle Report 4000, certains professionnels ont vu la possibilité de s’offrir un portable de qualité à un prix nettement moins élevé qu’un NAGRA.
Pour cette clientèle radio et cinéma UHER a sorti une petite série d’un modèle de magnétophone 4000 dit professionnel et en 1966 un modèle cinéma, le UHER 1000 Pilot qui sera suivi par le UHER 1200 Synchro.
Ces modèles professionnels étaient pleine piste et mono-vitesse.


Le dernier portable de la gamme sera le Report 6000 universel qui sortira en 1986.
UHER connait une période faste jusqu’à fin des années 60.
En 1969 UHER fabriquait 180 00 appareils par an et l’effectif était de 1 500 personnes.
A partir de 1970 le marché du magnétophone à bobine commence sérieusement à décliner si bien qu’en 1972 Von HORNSTEIN est mis en difficulté et obligé de quitter son poste à la tête de UHER.
En 1974 la société UHER est vendue au groupe ASSMAN et c’est la fin d’une histoire.
Le vrai génie de UHER a été de développer le Report 4000 qui a eu le succès que l’on connait, mais il ne faut pas pour autant passer sous silence les autres appareils de la marque.


Dans le domaine de la cassette, UHER qui s’y est mis trop tard, sortira le CR 124 en 1971, puis le CR 210 stéréo en 1974 qui sera remplacé par le CR 240 en 1977.

En modèle sur secteur, le Royal de Luxe était équipé d’un bloc de tête interchangeable, ce qui n’était pas banal pour un appareil grand public. Le bloc de tête interchangeable permettait facilement de changer de configuration 2 pistes, 4 pistes, diapilot.


Avec le diapilot le UHER Royal de luxe a connu un certain succès dans le monde de l’audiovisuel des années 70.





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Il y a de nombreux autres fabricants de magnétophone dans la patrie qui a vu naître le magnétophone.
Il fallait faire un choix et nous nous sommes limités à ces quelques marques parmi les plus emblématiques.

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Ailleurs en Europe

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Nous avons débuté notre panorama par ordre d’antériorité et donc tout naturellement par l’Allemagne, le berceau du magnétophone.
Oublions l’ordre alphabétique et poursuivons par le Royaume Uni qui a compté près de 100 fabricants de magnétophones dans les années 60.
On n’a pas oublié les pubs dans le “Haut-parleur” et autres revues pour les magnétophones DIY à partir de platines COLLARO, TRUVOX et autres.
Traversons donc le channel pour voir comment s'est comporté le Magnétophone au Royaume Uni.

Le Magnétophone au Royaume Uni



En 1945, dans l’immédiat après-guerre et du fait de la soumission de l'Allemagne, la BBC et EMI peuvent voir de près et disséquer l’invention d’AEG, le Magnetophon.
EMI sort son premier magnétophone pour applications professionnelles en 1947, le modèle BTR 1 directement copié d’après le magetophon d’AEG.

EMI

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En 1948, 3 fabricants de magnétophones se partageaient le marché anglais : EMI, THERMIONIC Products et SCOPHONY.
Le trio est rejoint en 1949 par Wright & Weaire le fabricant de FERROGRAPH qui mettra son appareil sur le marché fin 1949.
En 1951 apparaissent les magnétophones spéciaux, instrumentation et modèles destinés à l’aviation, enregistreur de données de vol et enregistreur de voix dans le cockpit, ce sera le domaine d’activité principal de THERMIONIC Products.

A part les bricoleurs avertis et radio amateurs qui s’adonnaient aux kits, le domaine grand public n’était pas très animé car la bande magnétique était chère et les mélomanes, dans l’ensemble, se satisfaisaient de leur collection de disques.
En 1953, changement de programme, GRUNDIG vient vendre en Grand Bretagne ses magnétophones et bouscule le marché anglais.
Les marques anglaises d’appareil grand public voire semi pro comme BRENELL, FERROGRAPH ou TRUVOX sont loin derrière GRUNDIG qui fait un carton. Le magnétophone allemand est technologiquement plus avancé que ses homologues locaux et c’est la raison principale du décollage des ventes de GRUNDIG au Royaume Uni.
La sortie de la platine COLLARO en 1954 relance le marché grand public pour un temps.


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En 1955 pas moins de 30 compagnies fabriquaient des magnétophones au Royaume Uni.
BSR en 1957 avec son modèle Monardeck TD1 peu couteux permet à de nombreux fabricants de proposer des magnétophones domestiques à prix modéré.
la période 54 / 58 a été une époque bénie pour le magnétophone domestique.
La stéréo venait de voir le jour mais les disques stéréophoniques n'existaient pas encore. Les amateurs de stéréo précoce n'avaient que le magnétophone à disposition pour pratiquer une écoute stéréophonique à la maison.

Face à la demande croissante de magnétophones à usage grand public, modèles OEM, modèles en kit, etc. le nombre de fabricants a fortement augmenté fin des années 50.
Début des années 60 le marché du magnétophone grand public se portait plutôt bien au Royaume Uni jusqu’à la sortie de la cassette par PHILIPS en 1963 qui, bien que de qualité moyenne et même de “Basse Fidélité”, décimera le marché du magnétophone à bobine.
Fin des années 60, les modèles de magnétophones japonais, technologiquement plus évolués, fiables et de bonne qualité, enfoncent le clou et chassent hors du marché bon nombre de marques anglaises peu innovantes qui fabriquaient des appareils rustiques accusant un important retard technologique.

Après avoir connu près d’une centaine de fabricants de magnétophones de tout type, le Royaume uni ne compte plus que 10 fabricants en 1975 dont la moitié, produisant des enregistreurs spéciaux, instrumentation, enregistreur de vol, etc., ne sont pas des fabricants de magnétophone du domaine audio.
BRENELL, FERROGRAPH, SOUNDCRAFT, LEEVERS RICH feront partie du dernier bataillon de fabricants de magnétophone audio.

BRENELL

La société BRENELL Engineering Ltd. est née en 1947. A l’origine la société fabriquait des pièces mécaniques et optiques essentiellement pour l’industrie photographique.
En 1953 on leur demande de construire un magnétophone pour application domestique : le Sound Master.
Le modèle MK 5 est certainement le magnétophone le plus célèbre de la gamme BRENELL.
Par la suite la société s’est orientée vers les magnétophones semi-pro et professionnels et vers les multipistes.
Mais comme nombre de fabricants du Royaume Uni de l’époque, les appareils BRENELL étaient plutôt rustiques et peu innovants comparé aux autres équipements européens, américains et asiatiques.
La société a été dissoute en 1983.






FERROGRAPH

La compagnie FERROGRAPH a été fondée en 1949.
A l’origine, la société WW ou plus précisément WRIGHT & WEAIRE a été fondée par messieurs J. G. WRIGHT et T. G. WEAIRE en 1920.
En 1922 la société WW se lance dans les postes de radio.
En 1928 la société prend de l’ampleur et embauche 2 ingénieurs, Richard MERRICK et Ernest NIBLETT.
En 1937 la société fabrique des “Instruments Electriques” et en 1939 travaille pour l’aviation, activité qui sera maintenu durant toute la guerre.
A la fin de la guerre Mrs. WW décident de se retirer et cèdent la société à Richard MERRICK et Ernest NIBLETT qui souhaitent se diversifier et recherchent de nouveaux débouchés.
Expositions, déplacements à l’étranger, en 1947, lors d'un voyage, R. MERRICK rencontre un américain qui lui parle du potentiel du magnétophone. Il en fait part à E. NIBLETT qui dit y avoir déjà réfléchi et être intéressé par cette technologie et se met au travail.
Le résultat ne se fait pas attendre c’est le Wearite Tape Deck A.
On crée alors un département spécifique avec un staff de 6 personnes pour fabriquer des magnétophones.
Le premier magnétophone sort mi-1948 des usines de South Shields.
En 1949 Richard MERRICK et Ernest NIBLETT créent une nouvelle société pour la commercialisation des magnétophones : la British Ferrograph Recorder Company.

Tous les magnétophones FERROGRAPH ont un “look commun jusqu’à la série 7 qui abandonne définitivement l’esthétique propre à la marque.
En 1959, la société est absorbée par le groupe Wilmot Breeden qui complète sa game de produits par des amplis, des tuners et des enceintes Hifi.


Ferrograph Serie 3 - 1956


Ferrograph Serie 6

En 1977, suite à de mauvais résultats, la société est reprise par NEAL (North East Audio Limited) qui poursuit l’ensemble de la production jusqu’en 1981 date à laquelle NEAL rejoint CANFORD et abandonne FERROGRAPH qui ferme définitivement.



Semi-professionnal Ferrograph Série 7

Le dernier et seul magnétophone vraiment professionnel de la marque sera le Studio 8.




professionnal Ferrograph Studio 8 - Picture courtesy of MAGReeltoReel

LEEVERS RICH


La compagnie a été fondée avant la deuxième guerre mondiale par le compositeur Norman LEEVERS qui travaillait essentiellement dans le domaine du cinéma. A côté du catalogue musical et des effets sonores, la société effectuait des travaux pour le cinéma, reports, copies magnétiques, etc.
La société fabriquera ses propres défileurs et enregistreurs perforés 35 et 16 mm pour l’industrie sonore cinématographique.
La bande perforée étant alors le système le plus simple pour assurer la synchronisation entre l’image et le son.

Dès 1947, LEEVERS se lance dans le design d’un magnétophone à bande lisse synchronisable.
Le projet aboutit l’année suivante et la société LEEVERS RICH sort en 1948 le modèle Synchropulse, un enregistreur à 2 canaux sur bande lisse synchronisable avec une caméra.


En 1950 la compagnie ouvre un studio dans le quartier “cinématographique” de Soho à Londres. Le studio de Wardour permettait d’assurer des enregistrements sonores de petites formations, des reports et des copies.
Pour les prises de son plus complexes avec un nombre important d’exécutants, le studio de Wardour n’étant pas assez spacieux, la société enregistrait à l’extérieur, dans des églises ou des auditoriums, et avait mis au point un système d’enregistrement mobile.
LEEVERS RICH était avant tout un prestataire et les appareils qu’il construisait étaient loués avec personnel pour prestation de terrain.
Devant la demande grandissante et face aux commandes de la BBC, LEEVERS RICH a fondé en 1951 la société LEEVERS RICH Equipment Ltd. pour assurer la fabrication des magnétophones.
Le Synchropulse s’est vue simplifiée, par retrait de la partie synchro, pour donner naissance à un magnétophone purement audio, moins volumineux, et en un seul volume.
Ce développement a donné naissance aux machines série D et série E se déclinant en plusieurs configurations toujours autour du même transport.
Magnétophones professionnels coûteux réservés aux professionnels, LEEVERS RICH n’avait pas de clientèle grand public.


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A côté de ses magnétophones, LEEVERS RICH fabriquait de nombreux équipements à la demande de sa clientèle pro, sans chercher particulièrement à améliorer ou modifier sa gamme existante.
LEEVERS RICH péchait par le manque de bureau d’étude.
L’usine fabriquait ce qu’on lui demandait.
Quelques machines instrumentation furent fabriquées dans les années 60 mais faute de développer ce créneau, on en est resté là.
En 1961, à la demande de la BBC, LEEVERS RICH s’est lancé dans la fabrication d’un magnétophone 8 pistes 1 pouce, configuration alors inexistante commercialement à cette époque.
LEEVERS RICH mettra tellement de temps à réaliser cette commande spéciale que la machine ne sera livrée qu’en 1968 !
A ce moment ce n’était plus un scoop, AMPEX et 3M avait déjà des 8 pistes 1 pouce à leur catalogue.
Une fois de plus la société ne donnera pas de suite à cette fabrication spéciale et on en restera là.
Le manque de bureau d’étude et le manque d’esprit d’innovation vont lourdement impacter le bilan de LEEVERS RICH.
Le client principal était la BBC qui s’approvisionnait essentiellement chez LEEVERS RICH parce que, dans les années 60, les taxes d’importation rendaient les machines américaines 2 fois plus onéreuses que les équipements fabriqués localement au Royaume Uni.
Les machines allemandes n’étaient pas bien vu. Seul STUDER REVOX, considéré comme fabricant Suisse, était en odeur de sainteté.
Que ce soit dans le domaine Pro ou dans le domaine semi-pro, les marques anglaises comme LEEVERS RICH, BRENELL ou FERROGRAPH ont souffert de transports mécaniques rustiques et d’électroniques peu innovantes rendant les magnétophones anglais peu attractifs.
Le transport était toujours confié à 3 moteurs AC et les électroniques étaient toujours à lampes alors que la compétition proposait des moteurs asservis et des électroniques à transistors.

Fin des années 60, le système de synchronisation synchropulse de LEEVERS RICH est abandonné au profit de systèmes plus modernes.
LEEVERS RICH tente alors de faire des améliorations pour moderniser la série E mais sans résultats probants.

Finalement LEEVERS RICH s’est tourné vers l’Allemand KLARK TEKNIK et a acheté la licence de fabrication du modèle TEKNIK SM2 qui est sorti sous la référence Proline 2000.
Courant 70, LEEVERS RICH proposait le modèle Proline 2000 de conception KLARK TEKNIK et le modèle Proline E 200, un appareil de conception locale vieux de 30 ans mais devenu fiable au cours des années.
Le Proline 2000 était bien d’actualité et d’une qualité audio capable de rivaliser avec la concurrence, mais la fiabilité n’était malheureusement pas au rendez-vous et les ventes se sont vite essoufflées durant la décennie 70.

La compagnie de service LEEVERS RICH disparait courant des années 70, alors que la compagnie LEEVERS RICH Equipment Ltd. survit plus ou moins bien jusque dans les années 80 en travaillant tout spécialement sur des projets de la BBC.
Finalement en 1988 la compagnie qui a déjà cessé depuis quelques années la fabrication des magnétophones se convertit dans les travaux à façon et la petite ferronnerie et change de nom, c’est la fin de l’aventure LEEVERS RICH.


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SOUNDCRAFT MAGNETICS

Alex NICHOLAS de BRENELL et John EUSTACE de RICHARDSON ELECTRONICS fondent SOUNDCRAFT MAGNETICS en 1977, filiale de SOUNCRAFT ELECTRONICS fabricant reconnu de consoles de mixage.
Leur souhait : développer un magnétophone multipistes professionnel de studio.
Le premier modèle, le SCM 381 était un magnétophone 8 pistes 1 pouce portable qui est sorti en 1979.
Ont suivi d'autres modèles multipistes de la série SCM 380 en 1 pouce et 2 pouces.
Les magnétophones de la série SCM 760 voient le jour en 1980 pour répondre à la demande des studios pour des machines 2 pouces multipistes.

La société mère SOUNDCRAFT ELECTRONICS voulait disposer d’un appareil 2 pistes stéréo de mastering en ¼ de pouce et ½ pouce.
C'est ainsi que le S 20 voit le jour en 1985.
Du fait de certains problèmes de jeunesse le modèle amélioré MK II le remplace en 1987.
Trop cher le MKII ne sera finalement pas commercialisé et passera à la trappe.
Tous les développements du S 20 permettront de concrétiser le SATURN dans le domaine du multipistes.
La société SOUNDCRAFT MAGNETICS ferme définitivement en 1988.


THERMIONIC

En mai 1949 THERMIONIC Products sort le sound mirror sous licence BRUSH (USA).
Pour ses modèles professionnels de type instrumentation, THERMIONIC a utilisé des platines TRUVOX grand public modifiées et transformées en machines professionnelles et fiables de qualité militaire.



Fin des années 60, l’enregistreur portable sismique T 3000 était construit à partir d’une mécanique TRUVOX 100 modifiée.
Il sera remplacé en 1970, par l’enregistreur d’instrumentation Store 4 qui utilise la platine TRUVOX 200.
RACAL Recorder, qui avait repris THERMIONIC en 1969, et qui ne produit que des modèles pour instrumentation sera le dernier fabricant anglais de magnétophone.

RACAL Recorder


TRUVOX

La première platine magnétophone produite par TRUVOX en 1951 était construite sur un plateau en contreplaqué recouvert de formica qui recevait le bloc de tête et les différents organes du magnétophone.

La platine magnétophone TRUVOX était destinée aux “radio-enthousiastes” qui fabriquaient eux-mêmes leur magnétophone en DIY et aux assembleurs HiFi en tant que produit EOM.


En 1954 TRUVOX sort sa première électronique pour équiper ses platines.

En 1956 le modèle MK III voit le jour et connait un grand succès, il sera remplacé en 1957 par le MK IV.

C’est également cette année-là que TRUVOX fabrique son premier magnétophone complet, le modèle R1 constitué d’une mécanique MK IV et d’une électronique type K.

Jusqu’en 1959 les mécaniques TRUVOX déroulaient la bande de la droite vers la gauche.


En 1959 le modèle MK VI défile dans la sens classique de la gauche vers la droite et équipera le magnétophone R6.
Le magnétophone R6 est constitué d’une mécanique MK VI et d’une électronique.


A partir de 1961 la série 80, totalement redésignée, fait appel à une nouvelle platine en alliage qui permet plus de précision, une plus grande robustesse et d’atteindre une qualité comparable aux modèles de la concurrence.


A partir de 1963 TRUVOX a trouvé un débouché dans les laboratoires de langues et la série 80 se vend bien.
Dès 1963, TRUVOX développe des électroniques à transistors et en 1965 équipe les magnétophones de la série 100 d’électroniques transistorisées.


En 1967 l’usine TRUVOX déménage et rejoint alors le site de fabrication de THERMIONIC Products. Ce déménagement causera un grave préjudice à TRUVOX qui, dans l’impossibilité de livrer les commandes, perdra une bonne partie de son marché labo de langues au profit de TANDBERG qui s’est engouffré dans la brèche.
Tous les concurrents proposent des magnétophones offrant la possibilité d’utiliser des bobines de 10” alors que les platines TRUVOX ne peuvent utiliser que des petites bobines de 7”et se prive ainsi du marché semi-professionnel.
Ajoutez à ça la désaffection du magnétophone à bobine due à l’arrivée de la cassette PHILIPS et TRUVOX connait des difficultés.
Il est trop onéreux pour relancer l’étude complète d’une nouvelle platine.
Les dernières modifications et améliorations de la série 200 sont imputables à l’expertise de THERMIONIC Products.

En 1969 TRUVOX lance sa série 200 avec le slogan :
“Ce n’est certainement pas votre premier magnétophone, mais ce pourrait bien être le dernier !”


Slogan prémonitoire s’il en fut, la série 200 sera le dernier magnétophone TRUVOX qui arrêta la production de matériel audio en 1970.

Seule restera en fabrication, la platine 200, profondément modifiée et fiabilisée, qui sera utilisée par RACAL – THERMIONIC pour l’équipement des enregistreurs d’instrumentation.

Le Magnétophone dans l'Est de l'Europe


Les pays de l'Est de l'Europe et du bloc soviétique ont abrité plusieurs fabricants de magnétophones.

MECHLABOR
MECHLABOR est un fabricant Hongrois pas très connu chez nous, il faut bien l'avouer.
Il est en revanche intéressant de noter que le repreneur actuel de la société a manifesté le désir de faire partie du "peloton" pour la renaissance du magnétophone.
Info ou Intox ?



Toujours dans l'est, du coté de la Russie.


Voilà juste un petit survol européen car nous sommes loin d'avoir recensé tous les acteurs de cet appareil extraordinaire qui aura révolutionné le monde des médias, radio, cinéma, audiovisuel en général !

A suivre, le magnétophones en Europe / suite.