L'ENREGISTREUR IdF 4X4

Il faut commencer par le commencement !
Quand ça n’existe pas, il faut le fabriquer !
... comme aurait dit André CHARLIN :

En 1969, j’ai eu l’occasion de travailler sur un spectacle audiovisuel commandé par l’IRAN pour l’exposition universelle d’OSAKA 70 et réalisé par Ianis XENAKIS.
Pour notre part, nous devions réaliser ce que XENAKIS avait en tête et le faire fonctionner pendant les 6 mois de la durée de l’exposition.
Tout le monde a une idée plus ou moins précise de ce que représente la musique de XENAKIS et à ce titre, la restitution spatiale multicanaux était de première importance.

Le spectacle faisait appel à une animation lumineuse composée d’une sphère en matière transparente d’un bon mètre de diamètre contenant 1000 flash blancs et un rouge, le tout organisé en un savant désordre ordonné.
La programmation de l’animation lumineuse synchronisée avec la partition musicale composée sur 4 canaux, ne comportait pas moins d’une cinquantaine de voies. Dans sa musique originale, Ianis XENAKIS avait inclus de nombreux effets de spatialisation sonore, imposant une vraie reproduction quadriphonique.

Le challenge d’une exposition, c’est le fonctionnement en continu sans intervention. Aujourd’hui ça fait sourire car on prend un disque dur, on y dépose un message sonore, généralement compressé, et vogue la galère, ça marche tout seul… ou ça plante, au choix.
En 1969, la musique en continu était confiée à des lecteurs de cartouche stéréo multipistes d’auto radio qui n’étaient ni fiables ni fidèles et qui tournaient à faible vitesse. Il n’était pas pensable de diffuser la musique de XENAKIS sur ces équipements.
La cartouche NAB, développée par Fidelipac permettait de faire de la diffusion en continu, avec en plus de la qualité. On pouvait faire tourner la cartouche à la vitesse de son choix. La bande sans fin était une bande ¼ de pouce standard, lubrifiée pour éviter tout coincement. Ce système pouvait reproduire, à la vitesse de 19 cm/s, des programmes de haute qualité d’une vingtaine de minutes.

Autre écueil du projet, et non des moindres, les magnétophones 4 pistes 4 canaux en ¼ de pouce n’existaient pas encore. L’incontournable TEAC 3340 ne sera commercialisé qu’en 1972, or nous étions en 1969 !
Nous avons donc décidé de fabriquer notre magnétophone 4 pistes 4 canaux ¼ de pouce nous-mêmes.

Préalable à la réalisation d'un enregistreur 4 pistes 4 canaux : trouver la tête qui va bien.
Après quelques recherches, j’ai trouvé chez BOGEN la tête magnétique qu’il fallait, quant à la mécanique de notre appareil, la platine REVOX A 77 était tout indiquée.
L’électronique était assemblée câblée dans un rack de 8 unités qui était raccordée à la mécanique par des liaisons blindées sur prise aéronautiques JAEGER. Le résultat fonctionnait plutôt bien et c’est ainsi qu’à l’automne 1969, nous sommes allés au studio Hoche pour repiquer sur notre machine ¼ de pouce la musique que XENAKIS mixait en 4 canaux.
Pour ceux qui n'étaient pas nés ou qui ne se souviennent plus, vous trouverez ci après, un court extrait de quelques mesures en réduction stéréo, à titre documentaire et de démonstration explicative, afin de ne pas entrer en conflit avec la legislation sur les droits musicaux.

- Court extrait de la musique de XENAKIS :


La musique de XENAKIS est une musique très contrastée, composée de glissandi puissants et de grands déferlements musicaux qui font place à des passages de faible amplitude. Il faut donc un très bon rapport signal sur bruit, une isolation diaphonique la plus élevé possible et bien entendu, pas de ronflette.

Un cahier des charges somme toute normal, il fallait simplement construire un appareil capable de respecter la musique de XENAKIS.

En fait, on s'est bien amusé... et, avec le recul on peut dire : On l’a fait ! et c’était en 1969.

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