LES TECHNIQUES de MONTAGE


Quand je propose une page sur “les techniques de montage” au pluriel,… c’est un peu prétentieux et exagéré car il n’y a en fait qu’une seule technique de montage avec la bande magnétique : les ciseaux – amagnétiques – bien entendu.
Amagnétique, car l’utilisation de ciseaux standards a de grande chance de créer un “plop” à l’endroit de la collure.
(au point de montage)
Bien que, si l'on considère qu'une lame est un outil différent d'une paire de ciseaux, on peut alors justifier le pluriel... mais, pour ma part, tant qu'on coupe c'est du pareil au même.


Vous pourriez aussi essayer de faire un nœud mais le résultat est très aléatoire et sera fortement audible.
Ça se faisait sur les magnétophones à fil, mais ce n’était pas fortement recommandé.
A l’époque du ruban d’acier l’outil du monteur était le fer à souder.
Heureusement je n’ai pas connu cette époque !

Tout est dans la coupe.
Coupe droite, coupe biaise, coupe longue, coupe courte…
En combinant vitesse et longueur de coupe, on pouvait réaliser des points de montage ou assemblages variant du “cut” au “soft-cut” voire au mixage rapide.
Une coupe de 10 cm sur une bande défilant à 38 cm/s représente un enchainement de l’ordre d’un quart de seconde.
La même coupe de 10 cm sur une bande défilant à 19 cm/s permet un “mixage” sur une demie seconde.


J’ai eu l’honneur et l’avantage de travailler au montage de bandes son pour des spectacles audiovisuels sous la direction du regretté Roland de CANDE.
Pour au moins l’une de ces bandes, celle concernant le programme sur le “Second Empire”, Roland de CANDE avait banni l’action du potentiomètre et du mixage.
Tout était réalisé en montage.
Un travail passionnant pour un résultat à la hauteur de nos attentes.
Avec ou sans respiration, en coupant la résonnance de la précédente note, en fondant les 2 musiques par une coupe biaise de plus de 10 cm…bref, nous avions de quoi nous occuper sainement, de quoi copieusement argumenter et commenter chaque coupe.

Quand on fait du montage, le “chutier” a tout son sens.
Le “chutier” c’est un bac surmonté d’un portique qui permettait de stocker les morceaux de bandes en cours de travaux. (c’était une technique très développée en montage film)
Avec la bande on est souvent appelé à couper d’assez petite portion et il était souvent plus pratique de les coller tout autour du magnéto.
Où est la résonance de la flute… et le coup de cymbale qu’il fallait déplacer ?
En effet, une coupe peut ne pas fonctionner du premier coup ou ne pas donner le résultat escompté.
Il faut peut -être grignoter un peu plus la partie sortante… ou est-ce plutôt la partie entrante qui doit être réduite ?
Et si la coupe était trop courte ? Aie... aie... aie.
Zut, on a perdu la résonnance de la note précédente…
Il faut alors faire un "undo" ! Oui mais voilà, la touche "undo" n'existait pas, ni sur le magnéto ni sur les ciseaux... il fallait alors recoller le morceau coupé.
Si aujourd'hui c'est fastoche, à l'époque ça l'était beaucoup moins !
Ordre et méthode ainsi que mémoire visuelle était de première importance pour se souvenir à quoi correspondait tel bout de bande ou tel autre… etc.
Certaines coupes complexes devenaient une succession de petites portions de bande sur quelques centimètres.
Les coupes correctement faites ne s’entendent absolument pas.
Si vous entendez une collure, c’est qu’elle a été mal faite, ou qu’elle n’a pas été faite au bon endroit…
Malheureusement, même sur des enregistrements du commerce de labels prestigieux il arrivait que l’on entende les collures ou plutôt que l’on entendait les collures.
En effet aujourd’hui on ne coupe plus, on ne colle plus, … mais ce n’est pas pour cette raison que les mauvais points de montage sont devenus inaudibles.
On continue à entendre les mauvais points de montage même s’ils ne sont plus réalisés aux ciseaux.


Pour se familiariser au montage, on peut utiliser des gabarits de coupe ou les ciseaux incorporés à certaines machines professionnelles.
Avec les gabarits de coupe, une fois la bande à sa place, on utilise une lame pour couper la bande.
En revanche pour réaliser des collures sur mesure rien ne vaut la coupe à main levée et aux ciseaux qui permet toutes les fantaisies et qui permet surtout d’adapter le point de montage au parfait enchainement des 2 portions de bandes concernées.

Le crayon gras.
Quoi qu’il en soit l’outil complémentaire indispensable que j’ai omis de mentionner au début de cet exposé, c’est le crayon gras.


Le repérage se fait devant la tête de lecture, mais il est hors de question d’aller insérer des ciseaux à cet endroit, de plus la coupe par superposition donne de bien meilleurs résultats.
De même, lorsqu’il y des ciseaux intégrés ils ne sont pas situés à l’emplacement de la tête de lecture.
Il faut donc repérer précisément l’emplacement, le noter par une marque sur la dorsale de la bande puis déplacer la bande à un endroit plus propice à l’intervention souhaitée.

Un mot sur l’adhésif.
Le terme “scotch”, je l'utilise pour nommer ce qui est dans mon verre, de préférence avec des glaçons...
sinon, “scotch” est une marque déposée de 3M - Minnesota Mining and Manufacturing Company - et il vaut mieux utiliser le terme générique adhésif.
C'est comme le stylo bille du Baron bien connu, ou le Frigidaire.


N’utilisez pas un “adhésif” courant, vous auriez de mauvaise surprises.
Les collures sont réalisées avec un adhésif en ruban qui théoriquement ne bave pas ne coule pas, bref un adhésif proche de ce que l’on pourrait qualifier de parfait.
Dans les faits ce n’est pas toujours exact.
De plus l’un des problèmes des collures sur bandes magnétiques est qu’elles ne tiennent pas dans le temps. L’adhésif se dessèche et la collure cède.
Quand on ressort un master monté de 30 ou 40 ans d’âge il est sage d’inspecter et de refaire les collures si on ne veut pas d’accident.


Vous avez tout compris ?
Alors à vos ciseaux !
Comment… vous n’avez pas de magnétophone à bande ???
Dans ce cas je ne peux rien faire pour vous :
Vous êtes condamné à couper à la souris. Même pas drôle.