PANORAMA des MAGNETOPHONES 2 PISTES de STUDIO

Le Magnétophone en Europe / suite

Le Magnétophone dans le Nord de l'Europe et plus précisément au DANEMARK

LYREC
La société LYREC n’est peut-être pas très connue en France, néanmoins c’est une société européenne qui a compté dans l’histoire de l’enregistrement et de la gravure de disques. La société LYREC a été fondée en 1945 au Danemark.
Au départ LYREC fabriquait essentiellement des moteurs pour tourne disque, table de lecture et banc de gravure pour disque ainsi que des têtes de graveur.
Les moteurs LYREC équiperont les graveurs NEUMANN jusqu’en 1976.
En 1947 LYREC fabrique son premier graveur de disque, le SV2, c’est une version portable pour enregistrement et gravure de disque sur site.

Le premier magnétophone de la firme, le TR1, voit le jour en 1950, c’est également un modèle portable, mais qui pèse tout de même 45 Kg. Le qualificatif de modèle “transportable” serait plus juste.


Une version de studio avec capacité d’accueillir des grandes bobines de 10 pouce ½ voit le jour en 1952, c’est le TR4.
LYREC poursuit l’amélioration de ces bancs de gravure pour disque et sort, en 1954, le graveur stéréo SV8 conjointement avec le magnétophone TR8 dotée d’une tête de pré-lecture pour le contrôle du pas variable.



En 1959 LYREC se lance dans la duplication de bande avec des machines ¼ de pouce comme le Master TR21 et les esclaves TR20 capables de travailler à 4 fois la vitesse.


1962 voit le TR50, magnétophone 2 pistes ¼ de pouce pour application broadcast et une version 4 pistes ½ pouce. C’est également l’année de la mise sur le marché de la dernière version du graveur SV10 développé conjointement avec ORTOFON.


A côté des équipements de studio, LYREC fabrique également des enregistreurs au format IRIG pour l’instrumentation.


Les premiers multipistes audio voient le jour en 1971 avec le modèle TR53 qui se décline en 4, 8 et 12 pistes.

A partir de 1973, avec l’arrivée de la minicassette, l’activité duplication va développer des équipements pour les cassettes audio.
1982 – gamme de magnétophone de studio stéréo TR55 en transport 1/4 et ½ pouce.

1986 - nouvelle génération d’enregistreurs multipistes spécifiquement adaptés à la post production.
En 1989 sortit du magnétophone de studio FRIDA.


Depuis 1950, LYREC aura apporté une large contribution à l’histoire de l’enregistrement sonore analogue.

MOVICORDER
Basé à Copenhague au DANEMARK, MOVICORDER fabriquera des magnétophones professionnel et semi pro, ainsi que des modèles grand public.



Toujours dans le Nord de l'Europe, mais en NORVEGE

TANDBERG
La société TANDBERG a été fondée à Oslo en 1933 par Monsieur TANDBERG.
Fabricant de radios et de hauts parleurs, TANDBERG se lance dans les magnétophones en 1952 avec le modèle TB1.


Le premier modèle stéréophonique de la marque arrive en 1957 c’est le TB3.


A partir des années 60 la société, sans renier le magnétophone, se tourne vers la télévision, qui deviendra l’un des secteurs clef de son activité.


Comme beaucoup de fabricants à cette époque, face à la demande importante, TANDBERG s'éssaie au magnétophone instruentation, principalement des modèles multipistes en code IRIG.
En 1967 c'est la sortie du modèle portable.




Voici une publicité des années 70


La fabrication de magnétophones se poursuit jusque dans les années 80.
En 1978, c’est la sortie du TD 20A, un modèle typiquement grand public, qui sera amélioré en 1981 sous la référence TD 20 A SE mais le succès n’est pas au rendez-vous, la mécanique n’étant pas à la hauteur.


Pour pallier aux problèmes mécaniques TANDBERG se rapproche d’autres fabricants dans le but de mettre au point une mécanique performante.
Ces efforts seront concrétisés par le modèle professionnel TD 150 qui verra le jour en 1984. Arrivé trop tard le TD 150 restera à l’état de prototype et n’entrera jamais en production.


Fin 1984 le département audio de TANDBERG abandonne les magnétophones à bobine et se consacre aux appareils à cassette, aux amplificateurs HiFi et tuners.
Le département audio de TANDBERG disparaitra dans les années 90.

Ailleurs en Europe et plus près de chez nous

Le magnétophone en BELGIQUE
Le magnétophone Belge a un nom : c'est CARAD
CARAD : Un fabricant Belge qui a eu sa place dans l’univers du magnétophone.


CARAD, vient de l’association des mots CARPENTIER et RADIO. C’est une marque de la société des “Etablissements G.L. CARPENTIER” fondée par Gabriel Louis CARPENTIER en 1925 dans la ville de Kuurne en Belgique.
Dans les années 40 la société fabriquait des récepteurs radio sous la marque CARAD.
Le premier magnétophone de la marque, le modèle EMR32PA, fabriqué dans les années 50, faisait appel à une mécanique américaine, celle du magnétophone “Soundmirror” de la compagnie BRUSH Development Company (USA).




Le modèle suivant, le R 62 sorti en 1955 est un magnétophone intégralement développé et manufacturé dans les établissements CARPENTIER. La mécanique qui accepte des bobines de 10 pouces fait appel à 3 moteurs PABST.

Dans les années 50/60 CARAD a sorti des meubles Hifi complets (c’était la grande mode), CHAIRSIDE ou PRO ARTE, intégrant un tuner, un ampli /préampli, un tourne disque et un magnétophone.



C’étaient des produits hauts de gamme équipés de la platine Garrard 301 ou de la Thorens TD 124.


Pour en revenir aux magnétophones, en 1963, c’est le modèle R 53 qui succédera, puis le modèle transistorisé R 66 en 1966, suivi du R 59 en 1968 et enfin du R 73 en 1971 qui sera le dernier modèle de la gamme des magnétophones.





Photo de famille : Carad tape recorder de 1955 à 1971: R62, R62 (v2), R59 et R73

A partir des années 70 la vente de matériel haut de gamme étant insuffisante pour faire vivre l’entreprise, la situation financière devint problématique et en 1971 intervint le rachat par la société THORN (UK).
En 1975 la société CARAD ferme définitivement.

Nous arrivons dans l'hexagone

Quelle est la part de marché du Magnétophone Français ?

Nous regardons beaucoup autour de nous, mais en France aussi nous avons eu nos pionniers et nos fabricants de magnétophones.
De tout temps nous avons eu notre lot d’inventeurs et de chercheurs d’une grande compétence et de renommée internationale... même si, esprit français oblige, c'est forcément mieux ailleurs !
Dans le domaine qui nous intéresse présentement, on peut citer Edouard Scott de MARTINVILLE, Charles CROS,… mais c’était il y a déjà bien longtemps.
Plus récemment dans le domaine de la mise en application et de la réalisation d’équipements électroacoustique et d'enregistrement, il y eut Edouard BELIN, Yves SGUBBI, Pierre CLEMENT, André CHARLIN et bien d’autres encore.

Les marques françaises qui ont fait le bonheur de nos radios nationales.
(par ordre alphabétique)

- ACEMA
- BOURDEREAU
- CLEMENT (n'a fabriqué que des tourne disques)
- DIGITEC
- LIE BELIN – Laboratoire Industriel d’Electronique. Edouard BELIN
- SCHLUMBERGER
- TOLANA

Ces fabricants, bien de chez nous, ont fourni la RTF puis l’ORTF en tourne disques “broadcast” et en magnétophones de studio pour réaliser et faire vivre les émissions préférées des Français.
Tout celà c'est terminé avec pratiquement un interlocuteur unique quand SCHLUMBERGER a repris une à une nombre de ces marques. L'histoire s'achève finalement dans un passé plus récent, avec la reprise de DIGITEC par STUDER, preuve, s'il en faut, que DIGITEC ne fabriquait pas de si mauvais produits !

ACEMAPHONE
Yves SGUBBI, fondateur d’ACEMA, est notre pionner bien français du magnétophone.
ACEMA (Atelier Cinéma Electro Mécanique Acoustique)

Yves SGUBBI était un autodidacte d’origine italienne arrivé en France en 1934.
Il a fait ses classes studio de la Victorine à Nice avant d’arriver à Paris en 1936, où il travaille alors pour les Ets BOUREDEREAU
Un an après, il quitte BOURDEREAU en décembre 1937 pour créer l’Atelier Cinéma Electroacoustique Mécanique Acoustique – ACEMA – et se consacre aux théâtres cinématographiques et à la sonorisation.
C’est après la guerre qu’il s’intéresse aux magnétophones et à partir de 1947 la fabrication de magnétophone deviendra sa seule activité.
En 1948 sortent les premiers magnétophones ACEMAPHONES.
En 1949 Yves SGUBBI proposait 3 modèles, les A 51 et LM 53 à alimentation secteur et le PA 52 magnétophone autonome avec moteur mécanique pour le reportage, ce qui en fait un pionnier dans ce domaine.




Dès 1950 il était l’un des fournisseurs agréé de la RTF.

En une dizaine d’année, jusqu’en 1960, il fabriquera de l’ordre de 400 magnétophones dont 250 portables.
Artisan solitaire il fabriquait ses magnétophones tout seul “à la main” sans aucune industrialisation.

BOURDEREAU
Je me souviens avoir visité la maison de la radio à Paris quai Kennedy en 1965, soit 2 ans après son inauguration.
C’était l’époque où les énormes tourne disques BOURDEREAU étaient encore en activité.


Les magnétophones de la même marque commençaient à se faire plus rares à cette époque au profit des machines LIE BELIN.


L.I.E. BELIN
Edouard BELIN, le fondateur du Laboratoire Industriel d’Electronique Edouard BELIN – L.I.E BELIN - est bien l’inventeur du Bélinographe, un appareil qu’il a inventé en 1907 et qui est capable de transmettre des images sur un ligne téléphonique.
En 1911 il s’installe à Rueil Malmaison et fabrique des équipements électriques ainsi que des équipements de mesure.
Dans les années 20 il se penche sur la télévision et sur les matériels de radiodiffusion.



Les premiers magnétophones professionnels L.I.E BELIN sortent en 1958 et équiperont la RTF en remplacement des TOLANA et BOURDEREAU alors en place.

SCHLUMBERGER
Il est quelque peu difficile de remonter à l’origine des choses dans ce groupe tentaculaire qui a conquis ses lettres de noblesse dans la recherche pétrolière et la Grande Industrie.
En 1926, 2 alsaciens, les frères Conrad et Marcel SCHLUMBERGER, pionniers en système de détection d’hydrocarbure et dans l'application de techniques de prospection géophysique pour l'industrie pétrolière créent la SPE - Société de Prospection Electrique qui deviendra par la suite la multinationale SCHLUMBERGER.

La filiale - SIS - Société d'Instrumentation SCHLUMBERGER voit le jour en 1960 et regroupe alors une dizaine de petites entreprises du secteur de la mesure, de l’audiovisuel et de l’audio professionnel, qui ont été incorporées par rachat.
Parmi ces sociétés on trouve entre-autre LIE BELIN qui n’avait alors, au sein de la SIS, qu’un seul client : La RTF.
En 1965 la SIS se dote d'un centre de recherches à Clamart et en 1970 d'une usine à Vélizy.
C’est en juin 1970, que SCHLUMBERGER acquiert la – CdC - Compagnie des Compteurs qui devient en 1971 Compteurs SCHLUMBERGER.
Dans ce nouveau paysage, le regroupement des activités concernant l’instrumentation électronique donne naissance à la société Schlumberger Instruments & Systèmes (dont les initiales restent SIS) dont dépend le département audio professionnel.

Depuis les années 60, SCHLUMBERGER est un gros client “tourne disques” des établissements Pierre CLEMENT qu’il courtise assidument.
En mars 1971, après le décès de Pierre Clément survenu en 1970, Madame Clément cède la société à SCHLUMBERGER.


En 1975 SCHLUMBERGER Instruments & Systèmes (SIS) est réorganisé en trois départements autonomes :
• Le département Equipements : Enregistreurs et télémesure.
• Le département Instruments : oscilloscopes, synthétiseurs, instrumentation nucléaire.
• Le département Audio-professionnel : équipement son des studios de radio et de télévision qui est basé à RUEIL.


En 1977, la réorganisation du groupe Compteurs SCHLUMBERGER aboutit à la création de nouvelles filiales dont ENERTEC qui a en charge l’électricité et l’électronique et dont dépend maintenant le département audio professionnel.

Dans le répertoire des conventions de recherche et développement de la direction générale de l'industrie, dans la rubrique Service des technologies et de la société de l'information, on trouve en 1978 la convention n° 78293757 qui concerne la réalisation et la commercialisation d'un nouveau magnétophone professionnel à bande 1/4 de pouce, appelé F500 par la société ENERTEC.
En 1984, ENERTEC prend très tôt le virage du numérique tel que nous le confirme la convention n° 8412108 concernant le développement par la société ENERTEC d'une nouvelle génération de magnétophones de studio utilisant les techniques d'enregistrement numérique pour la radio, la télévision et l'industrie du disque.
En 1985, la recherche dans le domaine audio numérique se poursuit avec la convention 8513134, qui concerne le développement d'une console numérique pour le studio numérique expérimental de RADIO France.

Bien entendu pour un groupe comme SCHLUMBERGER, le département audio professionnel, qui ne représentait vraiment pas grand-chose, n’a pas survécu à la “rationalisation” de 1987 qui a eu pour effet de fusionner diverses filiales.

Le groupe SCHLUMBERGER connaitra encore d’autres soubresauts et diverses étapes de “rationalisation” mais c’est une autre histoire.


SCHLUMBERGER F 212 .................. SCHLUMBERGER F 230

SCHLUMBERGER F 462

DIGITEC
C’est donc à l'occasion de la de “rationalisation” de 1987 qu’un groupe d’ingénieurs du département audio professionnel, ex ENERTEC, quitte le navire et crée DIGITEC.
La société DIGITEC poursuit, à son compte, la fabrication du magnétophone F 500 et développe conjointement de nouveaux produits audio numériques, telle que l’atteste la convention 8723094, de 1987, au nom de la société DIGITEC avec pour objet : le développement d'une grille audio compact en CMS et étude de l'architecture des futurs réseaux de commutation de signaux numériques.

C’est bien ce savoir-faire audio numérique que STUDER convoitait quand il a racheté DIGITEC en 1991.



DIGITEC F 500

TOLANA
Certainement l'un des plus anciens fabricants de magnétophones "broadcast" en France pour le cinéma et la radio.


LES AUTRES...
Il y avait également en France des fabricants et des assembleurs de machines pour le grand public et le semi professionnel, Paul BEUSCHER, Magnetic France, GAILLARD, Charles OLIVERES, et d’autres.



OLIVER
Un spécialiste français du magnétophone, depuis 1947 comme dit la pub, basé à Paris avenue de la république.






POLYDICT

Polydict établissements M. VAISBERG a été créé en 1950.


Polydict 01 ..........................Polydict 419


Polyfil - Polydict - Polydine


Polyfil, Polydict et Polydine…toutes des réalisations de M. VAISBERG.
Les établissements M. VAISBERG ont commencé par fabriquer des dictaphones et des magnétophones à fil avant de passer à la bande magnétique et d'évoluer pareillement de la machine à dicter vers le magnétophone.
La société POLYDICT S.A. date de 1956 et a traversé les années pour ne disparaitre que récemment en 2010, bien après la disparition de M. VAISBERG.

Depuis 1994 la société POLYDICT S.A. était installée avenue de Wagram à Paris inscrite dans la catégorie : Industrie électrique et électronique avec pour objet : Fabrication d'équipements de communication (2630Z)





HENCOT
Fabricant de matériel électroacoustique de la banlieue sud situé à Bourg la Reine, Henri COTTE est également connu pour avoir importé les matériels SANSUI.
Dans le domaine HFi, Henri COTTE fabriquait des magnétophones sous la marque HENCOT qui pouvait être considéré comme du matériel haut de gamme semi-professionnel.
Le modèle le plus célèbre est très certainement le H 67 qui a cédé sa place au H 800 fin des années 70.




Quittons les frontières européennes pour nous rendre aux Etats Unis.
Si le magnétophone est bien né en Allemagne, c'est aux Etats Unis qu'il est devenu incontournable, et ce dès 1947... et pourtant ce n'était pas gagné d'avance.

A suivre : Le magnétophone aux Etats Unis